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Critiques de Melanÿn (110)
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Chimère(s) 1887, tome 3 : La Furie de St Lazare

Un excellent prétexte pour assécher bouteilles de champagne et bourses de clients

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Ce tome fait suite à Chimère(s) 1887, tome 2 : Dentelles écarlates (2012). Son édition originale date de 2013. Le scénario a été réalisé par Christophe Pelinq (Christophe Arleston) & Melanÿn (Mélanie Turpyn), les dessins par Vincent Beaufrère et la mise en couleurs par Piero. Cette bande dessinée compte quarante-six pages.



Paris 1887, quelques heures avant que ne se produise le drame qui allait entacher la réputation d’une des maisons de plaisir les plus fameuses de Paris, la Perle Pourpre… Le photographe Blandin quitte la chambre où il a pris un cliché des ébats de Ferdinand de Lesseps avec Chimère, et il laisse Jack s’occuper de la jeune prostituée. Il a mis la plaque photographique dans un châssis à l’abri de la lumière, et tout contre son cœur. Il prend son matériel et descend l’escalier de service pour filer par la porte de derrière. Il passe par la cuisine où Oscar est en train de remonter une caisse de champagne, sous les ordres de Lou. Blandin arrive en bas de l’escalier et trébuche contre la trappe encore ouverte. Il casse quelques bouteilles dans sa chute, et perd la plaque sans s’en apercevoir. Il reprend ses affaires et s’enfuit par l’arrière-cour. Ce n’est qu’après avoir traversé une passerelle au-dessus de la Seine qu’il se rend compte de sa perte. Pendant ce temps, dans la maison close, le commissaire Leroux fait appliquer les consignes du préfet, Chimère est arrêtée et emmenée, accusée du meurtre de Salomé. Les autres filles et la patronne savent ce qui attend l’adolescente.



Saint-Lazare. Ce seul nom fait trembler toutes les filles de Paris. Un ancien couvent transformé en prison pour femmes. À la fois maison d’arrêt, de justice, et de correction pour jeunes filles, c’est aussi un hospice pour les syphilitiques et une maison hospitalière. On peut y être détenue par décision de justice, ou en rétention administrative. La Ménagerie, c’est la première section. Une centaine de cellules réservées aux jeunes détenues et aux condamnées. Avec des barreaux qui n’empêchent ni le froid ni les odeurs de circuler. Normalement, la section deux est plus un hôpital qu’une prison. Pourtant l’atmosphère n’y est guère respirable. Faute de place, dans la première section, Chimère est emmenée dans la seconde, dans la cellule d’Eugénie, une femme qui n’a plus toute sa tête. Cette dernière s’adresse à elle en lui disant qu’elle a perdu sa fille, qu’elles sont le mal, elles lui ont arraché sa fille, enlevée, ces sœurs sont des servantes de Satan. Elle continue : le Diable est ici, dans ces murs, mais Chimère ne doit pas avoir peur, maman Eugénie est là pour la protéger. En juin 1871, Jules Ferry a installé la préfecture de police dans la caserne de la Cité. Depuis les préfets apprécient d’avoir vue sur la Seine. Le préfet est en train de faire le point sur l’affaire de la Perle Pourpre, avec le commissaire Leroux. Pour le préfet, l’affaire est entendue : Chimère est coupable. Pour Leroux, cela n’est pas une évidence, il serait d’avis d’accréditer la thèse de la présence de deux autres hommes dont un photographe.



Le lecteur a hâte de retrouver Chimère, non pas pour découvrir quelles vont être ses souffrances, mais pour la voir avancer avec une détermination qui fait chaud au cœur. À nouveau les auteurs ne l’épargnent pas : entre l’emprisonnement à Saint-Lazare, les accusations mensongères, et le retour à la Perle Pourpre en tant que prostituée, toujours âgée de treize ans. Comme dans le tome précédent, tous les événements tournent autour d’elle, soit directement, soit leurs répercussions, soit par le biais de certains clients de la maison close. Elle apparaît dans dix-sept pages. Le récit reprend au moment de son arrestation : elle porte toujours sa tenue de prostituée, avec un châle qui lui permet d’avoir plus chaud et de couvrir son torse. Le lecteur note les teintes mornes et grises utilisées par Piero. Il est frappé par le teint cadavérique de la peau de l’adolescente : blanchâtre et maladive, ne se teintant de rose que très progressivement au cours de son séjour en cellule. Elle arbore une coiffure complexe, avec deux sortes de rouleau au sommet de part et d’autre de la tête, qu’elle parvient à conserver intact tout du long de son séjour en prison, et qui reste identique pour la soirée donnée en son honneur à son retour. Le lecteur lit la crainte et le dégout sur son visage lorsqu’elle est enfermée avec Eugénie. Il y lit sa soumission résignée face à Gisèle, la patronne. Il y découvre toute sa ressource quand elle reprend le dessus face à un adulte moins intelligent qu’il ne le pensait.



Le lecteur retrouve les caractéristiques visuelles présentent dès le premier tome : en particulier cette approche exagérée pour les personnages, des grosses lèvres, des visages pouvant être un peu déformés, des anatomies avec des membres un peu étirés, des torses un peu plus épais pour les hommes, des corps avec des rondeurs pour les femmes. Dans le fond, le lieu récurrent du récit, une maison close, évoque l’exploitation du corps de la femme, une forme d’emprisonnement pour les prostituées, un présent soumis aux pulsions des hommes, une absence d’avenir. La sexualité et la nudité restent présentes dans la narration, pas sous forme de titillation ou d’excitation, mais comme une réalité concrète. Alors que Chimère est emmenée dans un fourgon de police, Lou et Marguerite sont assises sur un canapé dans des robes magnifiques, laissant nue leur poitrine, avec la représentation des auréoles et des tétons, d’une manière assez sèche, un peu esquissée, sans érotisme, sans fausse pudeur. Lors des séquences suivantes dans la maison close, le lecteur peut voir les femmes apprêtées attendant le client dans un luxueux salon gigantesque, vêtues de dessous chics, ou de robes affriolantes, à nouveau une tenue de travail qui met en évidence le caractère professionnel de leur apparence, sans sentiment, ni affection, et certainement sans amour. La chair est triste, hélas, comme écrivait Stéphane Mallarmé (1842-1898) dans son poème Brise marine (1865). En page trente, Fernand, le videur, saisit les seins de Marguerite par derrière : il se fait sèchement rembarrer par la dame indiquant qu’elle n’est pas dans ses moyens, une scène mettant en lumière le désir de l’homme dans ce qu’il a de plus laid. En page quarante-six, le banquier Winston Burke, la cinquantaine, se retrouve dans une chambre avec Chimère dans des dessous évoquant une robe de mariée : un autre moment répugnant d’un vieil homme s’apprêtant à satisfaire ses besoins sur une adolescente. Seul moment donnant une autre image moins négative : Vincent van Gogh se jetant sur sa modèle Olympe totalement consentante, les deux complètement nus, et encore car elle fait observer ensuite qu’il est immature et incapable de subvenir aux besoins d’une famille.



Mais voilà, il est difficile de détester complètement un personnage. Blandin est lâche : il a abandonné les deux prostituées aux mains de Jack, il s’enfuit de la maison close, il n’ose pas y retourner, il fuit face à Jack (il est vrai qu’il n’a aucune chance), une certaine suffisance s’affiche sur son visage, mais il a conscience du danger qu’il court ce qui génère un sentiment de sympathie automatique chez le lecteur. Madame Gisèle exploite ses gagneuses, leur ment pour augmenter sa marge, n’éprouve aucune empathie pour Chimère qu’elle ne voit que comme une rebelle à mater, à faire rentrer dans le rang, en en faisant un exemple pour que les autres se rentrent bien dans le crâne qu’elle punira toute tentative de désobéissance. Elle arbore un air hautain et méprisant en toute circonstance vis-à-vis de ses employées, elle a une silhouette sèche dure… Et pourtant le lecteur comprend qu’elle ait pu devenir ainsi en découvrant le déroulement de sa liaison avec Vincent quand elle se faisait appeler Olympe. Même Eugénie inspire de la pitié malgré son apparence de souillon et son regard de folle : elle subit une répression affreuse de la part du personnel de Saint-Lazare, à commencer par les saignées. Il n’y a que Jack et Winston Burke pour lesquels le lecteur ne distingue aucune qualité humaine positive.



Comme dans les tomes précédents, le lecteur se rend compte qu’il tient la narration visuelle comme allant de soi : des dessins aux contours parfois irréguliers, une propension nette à mettre du mouvement dans le plus de cases possible, une mise en couleurs avec un fond naturaliste et des nuances plus vives, tout pour plaire à l’œil. Pourtant de temps à autre, il ralentit un moment pour apprécier la richesse d’une description, une suite de cases, une situation visuellement remarquable. Tout du long, l’artiste réalise une reconstitution historique par le biais de solides descriptions aussi bien en intérieur qu’en extérieur. Dans le premier registre : le grand salon de la Perle Pourpre, sa cuisine, les couloirs déprimants de la prison pour femmes de Saint-Lazare, la chambre sous les combles de van Gogh, l’estaminet des Halles, le bureau du commissaire Leroux. Dans le second, le lecteur prend le temps d’admirer une vue de Notre Dame, un quai bas le long de la Seine, la cour de la Perle Pourpre, la préfecture de Police, l’arc de Triomphe, les toits de Paris, les grandes halles de monsieur Baltard, une course-poursuite au travers des Halles, une promenade dans le jardin du Luxembourg, une fuite éperdue à travers bois, la tour Eiffel qui monte lentement.



Les auteurs continuent leur récit en 1887, comme l’indique le titre. Ils font intervenir un autre personnage historique : le docteur Jean-Martin Charcot (1825-1893) qui visite les prisonnières de Saint-Lazare et qui étudie les manifestations d’hystérie en utilisant l’hypnotisme, et le lecteur obtient la confirmation de l’identité de Jack. L’intrigue générale progresse lentement, avec les tentatives de récupération du cliché compromettant pour Ferdinand de Lesseps (1805-1894). Le lecteur constate que les plans les mieux ourdis ne résistent pas aux aléas de la réalité, qu’il s’agisse des tentatives de récupération du cliché, ou de l’issue d’une course-poursuite. D’autres thèmes courent dans l’intrigue : la prééminence de la recherche de bénéfices sur le sort des êtres humains, la diversité des formes que prendre l’instinct de survie ou de préservation, l’esprit d’indépendance et les sacrifices qu’il engendre, la nécessité faisant loi pour ces femmes se prostituant.



Un savant mélange d’aventures, d’intrigues, de dessins vifs et alertes, de reconstitution historique bien fournie, de maltraitances et d’oppression. Les auteurs atteignent un équilibre remarquable entre divertissement et évocation de la vie d’une jeune adolescente prostituée dans une maison close, dans le contexte de l’année 1887. Chaque personnage existe comme le fruit de son milieu socio-culturel en fonction de son caractère, poursuivant sa propre chimère. L’héroïne fait preuve d’une grande capacité d’observation, d’apprentissage et de volonté. Un drame adulte.
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Chimère(s) 1887, tome 2 : Dentelles écarlates

À la Perle Pourpre, quoi qu’il arrive, les clients doivent être satisfaits.

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Ce tome fait suite à Chimère(s) 1887, tome 1 : La perle pourpre (2011). Son édition originale date de 2012. Le scénario a été réalisé par Christophe Pelinq (Christophe Arleston) & Melanÿn (Mélanie Turpyn), les dessins par Vincent Beaufrère et la mise en couleurs par Piero. Cette bande dessinée compte quarante-six pages.



À Paris en 1874, dans la boutique d’un marchand d’art, le jeune Vincent entre et se fait fraîchement accueillir par monsieur Boussod qui lui fait observer qu’il est en retard et que ça devient une habitude. Vincent s’excuse. Le patron continue en lui demandant si ça ferait plaisir à son oncle de savoir que son neveu ne prend pas son travail au sérieux. Il enchaîne en lui demandant de l’aider : ils ont reçu un nouvel arrivage de La Haye. Le propriétaire parie que le frère de Vincent lui envoie encore de ces maudits impressionnistes. Le jeune homme répond que Théo sait ce qu’il fait : un jour, les gens s’apercevront qu’il n’y a pas qu’une seule vision de la peinture. Boussod s’emporte en découvrant une toile : N’importe quoi ! Une caricature ! C’est d’une vulgarité sans nom. Il estime qu’ils ne vendront pas un seul de ces machins. Il insiste lourdement pour que Vincent comprenne : C’est la boutique d’un marchand d’art, pas un atelier d’excentriques qui barbouillent comme des enfants. Il s’en va, en demandant à son apprenti d’assurer la fermeture de la boutique. Quelques moments plus tard, Louis entre et propose à Vincent qu’il ferme, pour qu’ils puissent assister à l’inauguration de la réouverture des salles Tuileries, celles qui avaient brûlé. Vincent ne se fait pas prier. En s’y rendant, ils passent devant une affiche pour Olympe qui se produit à l’Opéra Bouffe.



Dans les locaux de la Perle Pourpre en mai 1887, Gisèle s’adresse sèchement à Chimère devant les autres prostituées. Elle lui assène que même si les hommes s’arrachent ses prestations, elle ne se montrera pas plus indulgente avec la jeune adolescente. La patronne la charge de faire le tour des pots de chambre et de remplir le seau qu’elle lui confie. Quand Chimère aura fini, elle pourra revenir, et Gisèle aura autre chose pour elle. Alors que l’adolescente effectue la tournée des pots de chambre, Marguerite la rejoint et elles discutent. L’aînée fait observer qu’en détruisant son carnet devant Gisèle, Chimère est allée un peu loin. Ce à quoi son interlocutrice répond que c’était son journal intime, c’est personnel. Marguerite répond tristement que Chimère n’a plus rien de personnel ici. Elle appartient à la maison jusque dans ses pensées, ce qu’elle a fait était un affront direct. La jeune fille n’est pas plus impressionnée que ça : si la maquerelle ne lui a pas trouvé plus terrible châtiment que de vider les thomas, elle devrait y survivre. En fait, c’est d’Élise qu’elle se soucie, elle espère qu’elle est loin maintenant. Elle confirme qu’elle l’a aidée à s’enfuir, ce que chacune d’entre elles aurait fait. Marguerite est impressionnée, et elle ajoute que Chimère n’a que treize ans, qu’elle peut prendre en main son destin.



Le lecteur ouvre ce tome deux avec la ferme envie de savoir ce qu’il advient de la jeune adolescente Chimère (treize ans) qui se retrouve comme prostituée à l’établissement la Perle Pourpre à Paris, et dont la virginité a été mise aux enchères dans le premier tome. Celui-ci commence par un marchand d’art, en 1874, alors que le temps présent du récit se situe en l’an 1887. Puis l’histoire revient à Chimère et à la Perle Pourpre, et passe une page et demie après à Élise que le lecteur avait peut-être déjà enterrée. Sans oublier Ferdinand de Lesseps (1805-1894) et ses difficultés à financer la poursuite des travaux du canal de Panama. Et même le passé de Gisèle la tenancière de la maison close. L’intrigue peut donc apparaître suivre des méandres qui modifient la perception qu’en a le lecteur. D’un autre côté, cela le renvoie au titre qui se présente avec un S entre parenthèses : cela induit que l’histoire est celle de Chimère, et qu’elle évoque d’autres chimères, c’est-à-dire des projets vains ou impossibles. Le lecteur y voit un commentaire sur le projet du canal de Panama, une chimère entretenue par De Lesseps. Par ricochet, cela peut également s’appliquer au projet de Gustave Eiffel (1832-1923), c’est-à-dire sa tour qui est en construction et dont le premier étage apparaît comme décor en fond de case. Dans le registre des personnages historiques, le lecteur relève le prénom de deux frères : Vincent et Théo, dans une séquence où il est également des premières toiles de peintres impressionnistes. Il n’y a pas à s’y tromper : il s’agit des frères Van Gogh et de la naissance de ce mouvement pictural qui va à l’encontre des canons de l’art établi et des règles académiques, une autre chimère.



La notion de chimère s’applique également aux personnages du récit : le projet de fuite d’Élise, le projet d’un avenir meilleur pour Chimère, et par jeu de miroir le projet de vie de Gisèle (Olympe) jeune, le récit au temps présent montrant ce qu’il en est advenu. De séquence en séquence, l’histoire personnelle de l’adolescente apparaît bien comme le fil conducteur du récit : les vies des uns et des autres se croisent dans l’établissement de la Perle Pourpre, et croisent celle de Chimère. Cette demoiselle voit passer les clients dans les salons de la maison close de luxe, les personnages historiques précités, et quelques autres dont Guy de Maupassant (1850-1893) en personne. Les dessins participent à cette reconstitution historique en montrant l’époque. Dans les décors : les visions de rues de Paris aussi bien en 1874 qu’en 1887, comme une grande avenue de Paris ou une ruelle désaffectée, les toits des bâtiments aux alentours de la Perle Pourpre ou sa cour intérieure, la tour Eiffel en construction ou un bateau sur la Seine, et un peu plus loin l’île de la Jatte avec son temple de l’Amour. Le dessinateur investit également beaucoup de temps pour représenter les intérieurs : le grand salon de la Perle Pourpre et quelques chambres, l’atelier de Leonardo avec ses outils et son établi, la boutique du marchand d’art avec ses tableaux et ses caisses, le bureau du commanditaire de l’enquête de Blandin.



Le lecteur retrouve cette esthétique qui amalgame des caractéristiques visuelles de bande dessinée tout public, avec des situations adultes, entre amour tarifé et violence horrifique. Le coloriste met en œuvre une palette de nature proche du réalisme, avec quelques touches un peu plus vives de ci de là pour mettre en valeur un élément visuel ou une réaction plus intense sous le coup de l’émotion, une giclée de sang, ou un visage faussement amical. Il passe parfois discrètement dans un mode plus allégorique comme l’ambiance très lumineuse du piquenique à l’île de la Jatte pour évoquer un moment hors du temps, enchanteur. L’artiste joue avec des expressions de visage parfois exagérées, comme un sourire trop large, des yeux trop grands et trop humides, des tailles trop fines, des pieds un peu trop effilés. Il peut également accentuer une posture ou un geste, donner un air faussement romantique à une affiche, exagérer le mouvement d’un triporteur dont les roues ne touchent pas le sol dans une course-poursuite, accentuer la giclée de sang jaillissant d’une blessure. Ces caractéristiques visuelles donnent un air de bande dessinée d’aventure tout public, une lecture accessible et facile.



Dans le même temps, le récit se déroule majoritairement à l’intérieur de la maison close, pour un total de trente-et-une pages. L’héroïne est âgée de treize ans, et si la majeure partie des clients vient comme à une soirée mondaine, une bonne partie d’entre eux vient également pour acheter une relation tarifée. Les auteurs se montrent honnêtes avec le lecteur et représentent des femmes pas toutes majeures dans des tenues mettant en valeur leurs rondeurs sexualisées, les dénudant souvent pour appâter le client avec de la chair. Les caractéristiques des dessins font que ces scènes restent dépourvues de caractère érotique : il s’agit d’une transaction commerciale avec des professionnelles qui n’y mettent pas de sentiment. Les hommes obtiennent uniquement ce pour quoi ils payent, la pratique apparaissant globalement comme mécanique, sans joie, aggravée parfois par des coups, tout le temps par les conditions d’emploi de ces femmes et de ces adolescentes, proche de l’extorsion par la tenancière, qui n’hésite pas à les humilier, et mêmes à les faire frapper par Fernand. La narration visuelle devient difficilement soutenable lors d’un avortement pratiqué sans consentement par un médecin, et pire encore lors d’un assassinat ç l’arme blanche, d’une sauvagerie telle que le lecteur pense immédiatement à une série de meurtres immondes dans le quartier de Whitechapel en 1888.



La narration visuelle et l’intrigue montre que l’établissement de la Perle Pourpre voit passer des personnages historiques et des clients influents, des individus vivant selon les mœurs de l’époque, mais manquant toutefois de l’empathie ou de l’humanisme qui leur permettrait de prendre du recul sur les conditions de vie, sur les modalités d’exercice de leur métier par les prostituées de l’établissement qu’ils fréquentent. Pour le lecteur, certains ne peuvent prétendre à aucune circonstance atténuante. C’est ainsi qu’il considère initialement Gisèle la tenancière, et pour autant au cours de ce tome, il sent poindre un début d’empathie pour cette femme marquée par la vie, qui reproduit peut-être des schémas qu’elle-même a subis. Sa sympathie reste tout acquise pour Chimère, et même un réel respect pour cette adolescente qui ne se voit pas en victime, qui d’un côté fait l’expérience de toute la cruauté et l’égoïsme de certains adultes, et de l’autre a déjà adapté pour son propre usage, des stratégies qu’elle a observées.



A priori, la nature du récit semble évidente : les malheurs d’une pauvre adolescente se retrouvant à travailler comme prostituée dans une maison close, à l’âge de treize ans, un drame sordide. À la lecture cette nature présente un goût bien différent : un récit plutôt agréable du fait d’une narration visuelle mêlant descriptions solides et une forme inattendue d’entrain propre à récit d’aventure, avec une saveur feuilletonnante. Avec une composante historique par touches chorales à laquelle les dessins donnent une solide consistance : les prémices du scandale de Panama, la construction de la tour Eiffel, la montée en puissance de l’impressionnisme et un tueur en série tristement célèbre. Avec l’histoire de la jeune Chimère oscillant entre les coups du sort arbitraires, et une solide idée de la stratégie à mettre en œuvre pour atteindre son objectif. Le lecteur côtoie des personnages complexes et adultes, compromis pour la plupart et ayant en tête des projets déraisonnables qu’ils comptent bien mener à terme. Singulier.
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Légendes de Troy - Le mystère d'Alunÿs, tome 1 ..

Aux premières pages, je me suis dit qu'on allait avoir un réchauffé des thèmes que Arleston a déjà évoqué plusieurs fois, avec un dessin que je n'apprécie pas vraiment et qui fait beaucoup plus penser à des strips comiques.



Mais voila, la lecture a continuée et franchement ... Ben oui, je dois le dire, j'ai éclaté de rire. C'est assez rare pour que je le souligne, mais le coup du pirate m'a tellement surpris que j'ai éclaté de rire. Et à partir de là, ça a continué de plus belle, parce qu'il y a de vrai bon moments d'humour dans cette BD. C'est pas un humour particulièrement fin, et d'ailleurs j'ai vu venir un peu la chute de l'histoire, mais pour le reste j'ai lu avec grand plaisir à partir du moment où c'était évident que les auteurs avaient comme but premier d'amuser la galerie à base de blagues potaches et de décalage saugrenue. Et ça fonctionne ! D'ailleurs mentionnons que la fin de chaque personnage a son petit lot de surprises bienvenue. C'est pas particulièrement fin ou travaillé, mais c'est suffisamment surprenant pour m'avoir fait rire. Et honnêtement, j'en attendais beaucoup moins.



Le dessin est très typé, presque caricatural par moment, mais fonctionne plutôt bien avec l'humour de la BD. Je n'en suis pas friand mais il est efficace. Et je regrette juste, au final, une fin un peu rapide et des manques de développement de personnalité de certains que j'aurais bien aimé voir exploité. En terme d'humour un peu con, ça a clairement fait mon affaire et j'en suis content !
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Chimère(s) 1887, tome 1 : La perle pourpre

La retenue conduit souvent à la déconvenue.

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Ce tome est le premier d’une hexalogie, formant une série indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2011. Le scénario a été réalisé par Christophe Pelinq (Christophe Arleston) & Melanÿn (Mélanie Turpyn), les dessins par Vincent Beaufrère et la mise en couleurs par Piero. Cette bande dessinée compte quarante-six pages.



En 1880 à Auvers, dans le grand domaine d’une riche maison, la jeune Chimère, une enfant âgée de six ans, s’amuse au bord du ruisseau à faire peur aux grenouilles. Une des pensionnaires de madame de Montpessus est venue la retrouver pour lui dire que la maîtresse de maison l’attend. Une fois la jeune fille devant elle, madame de Montpessus lui annonce sans ménagement qu’un pli vient d’arriver de Paris : la mère de Chimère est morte la semaine dernière. Elle n’enverra plus d’argent pour sa fille. La propriétaire déclare à Chimère qu’à partir de maintenant, il va falloir qu’elle se rende utile. Elle lui ordonne d’amener le lapin que la fillette tient dans ses bras, à la cuisine et d’y rester. À Panama en 1887, après avoir réussi le percement du canal de Suez, Ferdinand de Lesseps lutte depuis des années pour réunir les océans Atlantique et Pacifique. Mais pour les ouvriers et les ingénieurs sur place, le rêve a tourné au cauchemar. Ce jour-là, il pleut à verse, le sol se dérobe sous l’excavatrice, un énorme engin, qui chute le long de la pente, emportant les rails avec lui, et écrasant un groupe d’ouvriers qui se trouvaient en contrebas. Le docteur Fulgence sur place ordonne de dégager ceux qui peuvent l’être, vers l’infirmerie. Il examinera les autres sur place. Deux observateurs américains se disent que les Français ont à peine besoin qu’on les aide pour tuer leurs ouvriers, il faut tout de même desserrer un petit boulon de temps en temps. Une fois sa besogne terminée, le docteur rejoint l’ingénieur dans la cabane de chantier : il lui annonce qu’il rentre bientôt à Paris pour remettre son rapport à monsieur de Lesseps.



Paris, mars 1887. Monsieur Eiffel a commencé à construire une tour qui défigure la capitale et scandalise les Parisiens. Il est parfois difficile de se faire à trop de modernité. Un sujet qui passionne autant dans les bistrots des Halles que dans ces clubs pour messieurs de la bonne société que sont les bordels de luxe. On s’y rend pour rencontrer des relations, parler affaires, et parfois même pour s’amuser. Plusieurs clients évoquent la stratégie de Ferdinand de Lesseps : ce dernier veut lancer un nouvel emprunt. L’un estime qu’il serait étonnant que l’Assemblée donne son accord. Un autre répond que ces députés-là feront comme les précédents : là où monsieur de Lesseps leur dit de faire. Il suggère au premier de demander son avis à Cornelius Herz qui se trouve là également : sa fonction est de les cajoler pour le plus grand bien de la Compagnie du Canal. Un peu plus loin, Madame Gisèle s’excuse auprès d’un petit groupe : les affaires l’appellent, en lien direct avec l’événement de la soirée.



Même s’il n’a pas identifié le nom du coscénariste comme étant le vrai nom du créateur de Lanfeust, au vu de la couverture, le lecteur se dit qu’il doit s’agir d’un récit de genre, peut-être une version alternative de Paris (la tour Eiffel en construction figure en bas à droite) avec une adolescente comme héroïne, peut-être avec un pouvoir magique. En effet l’esthétique retenue, qui correspond en tout point à celle des dessins à l’intérieur, évoque les productions Soleil, avec en tête leur public cible. La première page introduit un doute avec l’annonce but en blanc de la mort de sa mère à une fillette de sept ans. La deuxième scène semble inscrire le récit dans la véritable Histoire, avec l’évocation du chantier du canal de Panama. La troisième scène se déroule dans une maison close parisienne, de haut standing certes, mais le clou de la soirée, l’événement attendu est la vente aux enchères de la virginité de Chimère, alors âgée de treize ans en 1887. Le bref texte de la quatrième de couverture confirme le fait de manière explicite. Le lecteur comprend qu’il ne doit pas juger une histoire sur les caractéristiques des dessins : des couleurs vives et gaies, la touche de légèreté et d’entrain pour croquer les visages et les silhouettes des personnages, comme une réminiscence de bandes dessinées pour la jeunesse. Il n’en est rien : les conditions de vie dans la maison close expliquée par Madame Gisèle à la nouvelle pensionnaire, s’avèrent explicites quant aux pratiques sexuelles et leur tarif.



Il faut un peu de temps au lecteur pour qu’il réconcilie la nature réelle du récit, à ses a priori sur l’apparence des dessins. Une fois son mode de lecture adapté, il se rend compte que ce décalage apparent d’intention entre dessins et histoire lui évite de devenir le voyeur à son corps défendant de maltraitances et de sévices sur une mineure, sur des femmes privées de leur liberté. Une fois passé le choc de la vente aux enchères de la virginité d’une jeune adolescente de treize ans, il comprend vite qu’il n’est pas au bout de ses peines. Le client ayant remporté l’enchère réserve cette défloraison à un ministre, un cadeau pour services rendus à la Compagnie Universelle du Canal Océanique de Panama. Cet entremetteur s’avère être Cornelius Herz (1845-1898), un médecin et homme d'affaires impliqué dans le scandale de Panama. Le ministre bénéficiaire de ce cadeau, non content de violer une mineure, la violente physiquement en plus. Le lendemain, Chimère a droit à la visite de l’établissement, avec les commentaires de Marguerite, l’une des filles, sur les particularités de chaque chambre et de sa décoration, jusqu’à l’antre de supplices au sous-sol.



Puis Madame Gisèle, la mère maquerelle, explique le fonctionnement des rémunérations à Chimère : la dette initiale de l’adolescente s’élève à quatre cent cinquante louis, son prix d’achat aux Montpessus, moins le prix de la vente de sa virginité, sur lequel Gisèle a menti à la jeune fille, la grugeant ainsi de trois cents louis. La tenancière continue : c’est elle qui tient les comptes, la virginité ne se vend qu’une fois, du moins dans son établissement. Les autres passes de Chimère seront bien plus modestes, entre quinze et vingt francs. Comme elle est particulièrement fraîche, la Perle Pourpre demandera donc trente francs durant quelques semaines, puis vingt-cinq lorsque l’effet de nouveauté s’estompera. La moitié reviendra à Chimère, l’autre moitié est la part de la maison. En outre, à la Perle Pourpre, une fille ne refuse jamais rien au client. Mais Gisèle doit être informée des demandes particulières, afin d’en fixer le tarif. Elle déduira chaque semaine de ses revenus cent-vingt-cinq francs, afin de couvrir les frais de bouche, de gîte, le coiffeur et le médecin. Chimère a tôt fait de calculer combien d’années il lui faudra pour rembourser sa dette et combien de passes ça représente par semaine. Plus loin, sont également évoquées les punitions en cas de désobéissance, en particulier le séjour d’une semaine chez la mère Marville, c’est-à-dire une maison d’abattage, attachée à une paillasse, et c’est un client toutes les dix minutes pendant quatorze heures par jour.



En parallèle de la découverte de la réalité du métier de prostituée dans une maison close, court une intrigue secondaire consacrée à la construction du canal de Panama. Les auteurs évoquent les conditions de travail épouvantables et létales des ouvriers sur le chantier, les méthodes répréhensibles pour convaincre ou forcer les décideurs politiques à favoriser l’entreprise de Ferdinand de Lesseps, y compris par des fonds publics. Cette facette du récit relève de la reconstitution historique alimentée par des personnages ayant réellement existé comme Ferdinand de Lesseps (1805-1894), Cornelius Herz (1845-1898), ou encore Sigmund Freud (1856-1939) comme client de la Perle Pourpre. Il est fait mention de Gustave Eiffel (1832-1923). Le lecteur peut voir la tour Eiffel à l’état de chantier, seul le premier étage ayant été construit. Les dessins font également œuvre de reconstitution historique en montrant l’époque : les tenues vestimentaires des messieurs et des dames, les modes de transport, les rues de Paris, la décoration intérieure des différentes pièces de la Perle Pourpre, les toits de Paris. Le lecteur sent bien que l’artiste prend plaisir à imaginer des tenues de travail sophistiquées pour les prostituées, y compris leurs accessoires. Dans le même temps, il ne les sexualise pas comme si le lecteur tenait le rôle de voyeur. La nudité se cantonne à la poitrine féminine et à quelques postérieurs rebondis, sans se situer dans le registre de l’érotisme, ni même de la titillation. Tout du long, le lecteur se délecte du niveau de détails élevé, de la richesse des images, donnant une consistance rare à la reconstitution historique, accompagnée par la vitalité des personnages. Ceux-ci surjouent parfois un peu, tout en faisant montre d’un registre étendu d’émotions.



Une couverture séduisante et intrigante qui n’en dit pas beaucoup sur le contenu. Le lecteur découvre l’histoire d’une jeune adolescente de treize ans qui est vendue à une maison close, son intégration commençant par la vente aux enchères de sa virginité. La narration visuelle peut décontenancer un instant avec quelques caractéristiques de surface qui peuvent faire penser à une histoire pour jeune adolescent. Après avoir ajusté sa façon d’interpréter les images, le lecteur s’immerge dans un récit noir sur la réalité de la gestion des filles dans une maison close, sur fonds de trafic d’influence et de corruption au profit du projet de construction du canal de Panama par la société de Ferdinand de Lesseps.
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Mission M'Other

Roman SF dystopique accessible à partir de 13-14 ans. Ecrit sous forme de journal intime d'une adolescente (Lia) qui, après avoir vécue pendant douze ans dans un vaisseau spatial, est catapultée sur la Terre, désormais désertée par quasiment tous les hommes. Ce n'est certes pas le meilleur livre de Bordage que j'ai pu lire (un peu trop de fortuits dans ce récit), mais j'ai néanmoins pris plaisir à lire cette double quête, celle de savoir ce qui a bien pu arriver à l'humanité et celle de Lia, qui en poursuivant un fantomatique souvenir, trouvera son véritable identité (que j'avais deviné assez vite).
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Mission M'Other

Un bon Bordage. Sans plus.

Nous ne sommes pas au niveau des Guerriers du silence ou d'autres œuvres grand format de l 'auteur mais Mission M' Other fait le job.



On y retrouve, dans un format plus court l 'écriture fluide et précise de Bordage et une héroïne d' ado à laquelle on va très vite s'attacher.



Bordage est comme un poisson dans l'eau dans cette France post-apocalyptique et alternera des scènes d'action maîtrisées avec des séquences plus émouvantes.



On y retrouve comme souvent chez Bordage la critique des dérives du fanatisme religieux.



C'est un " summer Bordage" un livre frais et léger à lire l 'été, avec un bon verre de rosé, frais et léger aussi.



Un bon moment de science fiction garantie, comme toujours avec lui.
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Légendes de Troy - Le mystère d'Alunÿs, tome 1 ..

Une lecture ni désagréable, ni mémorable.

Concernant les dessins, c'est joli et il y a une identité graphique plutôt sympathique, avec de belles couleurs. Par contre, si l'histoire est amusante et facile à lire, on est quand même bien loin des qualités scénaristiques habituelles d'un Lanfeust ou d'un Trolls de Troy. On retrouve tout de même quelques fois la patte d'Arleston, et son humour noir, mais la fin était trop rapide et un peu bizarre. Une fois la lecture terminée, je me suis dis 'tout ça pour ça ?'. le rapport de stage n'apporte pas grand chose non plus, à part insister sur la bêtise et la prétention de Kyslapeth, mais avec un nom pareil, était -ce bien utile ?

Bref, un livre qui ne rentrera pas dans les légendes...huhu.



Sansplus/20.
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Le Chant d'Excalibur, tome 5 : Ys La Magnif..

Les tomes se suivent et se ressemblent, et je pense que la série pourrait être sans fin.

Une nouvelle légende est mise en avant cette fois, la fameuse cité d'Ys. mais toujours avec les mêmes blagues, le même rythme très soutenus et des deus ex machina magique qui arrangent bien l'histoire.

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Mission M'Other

J'avais beaucoup aimé la trilogie de Jean et Clara de l'auteur ainsi qu'échos dans le temps que j'avais lu l'année dernière et c'est tout naturellement que je continue de découvrir les romans de cet immense écrivain de science-fiction français avec cette fois mission m'other qui est pour moi un grand coup de cœur !

Imaginez que vous soyez le ou la seul(e) survivant(e) d'une mission dans l'espace et que vous devez revenir sur Terre, sauf qu'à votre arrivée, nulle trace de l'humanité. Il n'y a que les vestiges de notre civilisation ! C'est ce qui attends la jeune Lia, qui du haut de ses 15 ans va devoir traverser la France à la recherche des derniers hommes dans le but de comprendre ce qui est arrivé à l'humanité !

Un magnifique roman de SF qui se lit de manière très rapide tellement il est passionnant et entrainant, je l'ai lu en moins de 24h, c'est pour vous dire à quel point il est génial.
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Mission M'Other

J'ai lu l'édition éditée chez J'ai lu en poche donc pas d'indices ni de snoop book pour ma part, uniquement le texte. Le roman se présente comme un journal de bord. L'héroïne, Lia arrive sur terre après avoir passé la quasi totalité de son existence sur la station spatiale M'Other, partie explorer un phénomène cosmique étrange. Après avoir ré apprivoisé la gravité elle part à la recherche de Tara, une jeune fille avec qui elle semble liée. Elle va suivre les indices qu'elle trouve peu à peu et qui vont finir par la mener à Paris. En chemin elle contemple le monde dévasté et tente de comprendre ce qu'il lui est arrivé. Elle rencontre d'autres hommes, qui vivent en communauté cachées ou faisant partie des Salutis Angeli une secte religieuse exterminant toute personne refusant 'l'appel" au nom de Dieu. Elle se lie d'amitié avec Aaron ainsi qu'avec Kwan (un loup!) et ensembles il vont essayer de retrouver Tara.

L'histoire est sympa mais pas incroyable, la fin est tirée par les cheveux et m'a franchement déçue.. J'ai passé un bon moment mais n'en garderait pas un souvenir impérissable.
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Mission M'Other

Un livre de sciences fiction rédigé comme un journal de bord, une intrigue suffisamment efficace et un personnage attachant m'ont permis de passer un agréable moment de lecture !



La trame de l'histoire sans fioritures inutiles et le ton clair et concis de M.Bordage en font pour moi un roman a lire et à partager.







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Légendes de Troy - Nuit Safran, tome 1 : Albu..

Mon premier réflexe a été de voir si la baronnie de Nuit Safran figurait bien sur la cartographie des mondes de Troy établie par Arleston il y a maintenant près de 25 ans (parmi les 77 existantes sur l'Hédulie). Ce fut le cas à mon grand soulagement. J'aime quand il y a de la cohérence dans l'imagination d'un monde nouveau.



Arleston va même jusqu'à établir une chronologie de Troy que l'on voit pour la première fois dans cet ouvrage et qui restitue chaque série crée depuis. Il faut dire qu'on a un peu du mal à suivre avec la multiplication des séries liées au monde de Troy. J'ai souvent hurlé à l'exploitation commerciale à tout va. Je regrette ce faire-valoir d'autant que la série originelle a réellement apporté un vent de fraîcheur dans le paysage de la bande dessinée en contribuant un peu à son renouvellement.



L'originalité de cette bd réside dans le fait de voir s'y associer un dessinateur de renom à savoir Hérenguel qui est également familier du monde des trolls et autres dragons. Rien à dire sur le dessin qui est conforme à ce que l'on pouvait attendre car c'est tout à fait adapté à cet univers.



Cependant, c'est au niveau du scénario que cela pêche. Après un début intéressant, on part sur du n'importe quoi. le pire est d'introduire des scènes d'humour là où elles n'ont pas lieu d'être comme quand notre héroïne assiste à la mort en directe de son père le roi.

C'est franchement pathétique par moment notamment avec l'introduction des fantômes qui envahissent le castel.



On assiste, impuissant, à la décadence du mythe de Troy. Bref, encore une expérience désagréable que ne parviendra pas à sauver le pauvre Hérenguel malgré sa présence sur cette nouvelle licence qui n'apporte rien.
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Chimère(s) 1887, tome 1 : La perle pourpre

Cette bd est étonnante à plus d'un titre. Elle raconte le destin plutôt triste d'une jeune adolescente puisqu'elle va atterrir dans une maison close de luxe dans le Paris de l'année 1887. Parallèlement, on va suivre le périple de Ferdinand de Lesseps en proie à d'énormes difficultés pour réaliser son rêve de relier l'océan Atlantique à l'océan Pacifique. Bref, il y a une véritable ambiance historique qui est reliée à une histoire plutôt dramatique. On sait que les destins vont certainement se croiser pour notre plus grand plaisir.



En tout cas, cette première partie est plutôt convaincante. Pour ne rien gâcher , le dessin est soigné et très précis. On se rend compte également qu'il y a un véritable rapprochement entre les maisons closes de luxe et les hommes politiques. 125 ans après, les choses n'ont pas vraiment changé. Le scandale peut encore faire varier le destin d'un pays.



Chimère parvient à nous faire ressentir de véritables émotions en jouant de manière subtile sur une corde assez sensible. On ne pourra être que toucher par la grâce de ce personnage dans un milieu aussi sordide de luxure et d'oisiveté. Pour autant, je dois avouer que j'ai fini par décrocher par la longue suite qui n'est plus du même acabit.
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Le Chant d'Excalibur, tome 6 : Les gardienn..

J'ai un poil moins aimé ce dernier tome que les deux précédents ...

J'ai trouvé le dessin de "Gwynedd" un peu différent par rapport aux premiers tomes (un visage plus lisse/banal, moins marrant ... )(pourquoi ne pas avoir gardé sa bonne gueule des premiers tomes ?!) (alors que ce vieux Merlin a toujours la même trogne, etc ) .



Par ailleurs on se tape un final (attention SPOILER) avec pléthore de femmes nues ... Allez c'est de bonne guerre (vu le ton global de la BD...etc) ok mais bon on aurait pu épargner ça à Gwynedd. Pour une fois qu'une BD d'heroic-fantasy de cette époque tâchait de donner un rôle pas trop nase à une nana ... on avait tenu 5 tomes avec la culotte à peu près rivée au bazar on aurait pu s'épargner l'héroïne-cliché-à-poil dans l'ultime tome ...



... Un peu triste toutefois de quitter cette bande de bras cassés , ils vont me manquer :)
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Le Chant d'Excalibur, tome 5 : Ys La Magnif..

Que dire que je n'ai déjà dit dans mes précédentes critiques (tome 1, 2 , 3, 4 ... pour être plus précise, ah!) : une bonne petite dose d'AAAAventure. Miam.

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Mission M'Other

Lia est la seule rescapée de l'incendie du vaisseau spatial dans lequel elle a grandi, quand sa famille a quitté la Terre. Elle atterrit pour découvrir un monde en ruines et désert, dans lequel elle est livrée à elle-même. Elle se met à tenir un journal de bord dans lequel elle raconte sa quête pour essayer de retrouver d'éventuels survivants à travers une France ravagée par une catastrophe dont on ne connaîtra pas l'origine. Il y a en a, notamment les redoutables Salutis Angeli, qui torturent et exécutent sauvagement tous ceux qui refusent de se rallier à leur bannière…



La jeune fille vit de nombreuses aventures dont elle parvient à se sortir. Cela paraît sans doute un peu facile, mais l'histoire reste très agréable à lire, sous la plume de Pierre Bordage et devrait plaire à un public adolescent, d'autant plus que les termes abordés – la destruction du monde, la violence, le sectarisme, l'amour naissant - sont intéressants et susceptibles de fournir matière à échanges. A noter le joli jeu de mots du titre dont on comprendra le sens à la lecture du dénouement.


Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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Les Guerrières de Troy, tome 1 : Yquem le génér..

Ces derniers temps, je n'ai pas été tendre avec les productions d'Arleston tournant à la quasi-exploitation des univers de Troy. Selon les séries, on observe du bon et du moins bon. Cependant, il peut également se dégager de l'excellent. Cette nouvelle série qui débute en est l'exemple.



J'ai été tout d'abord assez émerveillé par le style graphique d'un vieux dessinateur comme Dany. Je ne connaissais pas réellement son travail n'ayant pas eu l'occasion de lire ses oeuvres. Je l'avais cependant remarqué dans un collectif d'auteur où son dessin m'avait réellement plu. C'est donc avec une certaine joie que je peux admirer son travail d'auteur.



Avec cette série, j'ai eu comme une impression de revenir un peu à la fameuse série Les Feux d'Askell qui a été malheureusement abandonnée. Je retrouve non seulement de jolies femmes impertinentes à souhait mais une sorte d'esprit et d'ambiance qui m'avaient assez passionné à l'époque. Et puis, la lecture fut très agréable de bout en bout.



On suivra cette série avec plaisir même si elle est typiquement commerciale ...
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Mission M'Other

J'ai beaucoup aimé Mission M'Other. Je me suis rendue à la vente de livres d'une bibliothèque qui faisait du tri et je n'ai absolument rien trouvé. Jusqu'à ce que je voie furtivement "Bordage" sur la couverture. Je ne pouvais pas partir d'une vente de livres sans au moins UN livre, mais en plus si Bordage s'y met, c'était banco.



Aussitôt ramené chez moi, aussitôt lu. J'ai bien aimé le système de petites enveloppes contenant les indices de l'histoire, même si ça ne demande aucune réflexion de notre part, tout étant expliqué au fur et à mesure du récit. Une lettre, une photo, une carte routière… Ca dynamise agréablement le récit.



Il se lit vite mais est très divertissant. L'histoire se tient et je termine là mon premier Bordage.
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Mission M'Other

Ca faisait des années que je n'avais pas lu Bordage.

Quel plaisir de le retrouver dans ce cours roman d'anticipation, son écriture m'a happée comme toujours.

Nous sommes dans un futur proche. Lia, adolescente de 15 ans, est la seule survivante d'une navette spatiale partie en exploration 12 années auparavant pour se rapprocher du Soleil où une tâche noire inquiétante est apparue. A la suite de cette apparition, des phénomènes anormaux ont commencé à apparaître un peu partout sur la planète… des enfants, des adultes se sont mis à marcher sur des centaines de kilomètres sans raison...

De retour sur Terre, Lia erre dans un paysage apocalyptique à la recherche de Tara : que s'est-il passé pendant son voyage dans l'espace ? Où sont passé les hommes ? Qui sont exactement ces quelques fanatiques religieux qu'elle rencontre sur son chemin ? Où est Tara, qui est-elle ?

Ce roman est écrit comme un journal de bord, le lecteur suit Lia jour après jour au fil de son errance et de ses découvertes.

J'ai vraiment passé un bon moment avec Lia et ai dévoré le roman en 2 jours. Avec le dénouement ce roman d'anticipation frôle le « space opéra » en quelque sorte. du Bordage sans aucun doute finalement : )

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Chimère(s) 1887, tome 1 : La perle pourpre

Ce tome de mise en place est assez prometteur et se déroula dans un univers propice aux scénarios divers et sulfureux : les maisons closes du Paris de la fin du XIXe siècle.

Alors, oui, ça permet aussi de se laisser aller sur le côté racoleur...

En parallèle de l'histoire de Chimère (l'héroïne de 13 ans recrutée par la Perle Noire, une maison close haut de gamme), nous suivons aussi l'histoire du Canal de Panama. Les histoires se frôlent et je suis curieuse de connaitre la suite de l'histoire.

Côté dessin, je ne suis pas vraiment séduite. Si les paysages et les décors sont impeccables, je trouve les personnages assez grossiers et trop caricaturaux.

A suivre...
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