La culture française, comme chacun sait, fait de la résistance, mais on peut, dans ses instants de faiblesse, lui faire toucher terre des épaules. Surtout quand on a pour arme le plus importants des arts, le cinéma. J'ai écrit pour "La Vie de bohème" plus de dialogues que pour l'ensemble de mes cinq films précédents, en grande partie, bien sûr, à cause de sa source littéraire. Il est tout simplement impossible de rien tirer du roman d'Henri Murger sans d'interminables parlottes. Puccini, c'est bien connu, a fait frapper une médaille à sa propre gloire avec l'or volé dans le champ d'un pauvre homme, mais, comparé au roman, son opéra a l'air d'une nonne anémiée. Dans la phase d'écriture du scénario, j'ai éprouvé les pires difficultés à démarrer l'histoire, alors que je rêvais pourtant depuis quinze ans de filmer cette œuvre.
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Le sens de la vie et de se forger une morale personnelle qui respecte la nature et l'homme, puis de s'y tenir.
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Par ailleurs, je suis d'accord avec Tristan Tzara : les idées naissent dans la bouche. D'après moi, on n'a dans la tête que de l'air chaud où tourbillonnent en désordre des lettres de l'alphabet. Celles-ci, en tombant dans la bouche par un trou du palais, forment des phrases au hasard. C'est pour ça que les gens disent en général n'importe quoi : parce qu'ils ne sont pas maîtres de leurs paroles.
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