Pierre Reboul

À la pensée de la mer



à la pensée de la mer
mon cœur
bleuit


// Anonyme

bouilloire cabossée



bouilloire cabossée
noircie par la fumée
elle chante encore

dans ce monde



dans ce monde
venus pour disparaître
nous rions au soleil

fête achevée



fête achevée
lampions éteints
la vacillante et froide lumière d’une luciole

pluie de printemps



pluie de printemps sur la clairière
oublié de tous
ravi le rocher danse

Un pèlerin assoiffé



un pèlerin assoiffé
à la fontaine a bu
puis s’en est allé


// Anonyme

faute de mari



faute de mari
la vieille se dispute
avec son chat

J’ai bien essayé d’arrêter toute poésie



J’ai bien essayé d’arrêter toute poésie
et de rester silencieux.

Mais à chaque fois,
quelque chose de poétique envahit mon âme
et vient s’allumer dans ma tête.

Tel est le pouvoir magique de la poésie.


// Makoto Hueda

fais moi rose



fais moi rose
rosier
que j’ai planté

clair de lune



clair de lune
chouette négligeant les mulots
éternité immobile

vagabonde sur la pierre



vagabonde sur la pierre
petite mouche insouciante
éclair vert d’un lézard

Noueuse et si vieille



noueuse et si vieille
la glycine
brume de soie mauve


// Anonyme

du seul bruit



du seul bruit
de la source
me vient la soif


// Anonyme

fendant une bûche



fendant une bûche
une idée me vient
qui fend mon esprit


// Anonyme

paisible la lune



paisible la lune
n’ayant à ce monde
aucun compte à rendre


// Anonyme

canicule



canicule
au passereau assoiffé
mon bol en partage


// Anonyme

il sait tout



il sait tout
du temps
le galet


// Anonyme

occupés



occupés à naître
occupés à mourir
fantômes affamés


// Anonyme

à seulement entrevoir les framboises



à seulement entrevoir les framboises
le saint homme
rompt son jeûne

compagnon familier



compagnon familier
mon bol ébréché
sous mes lèvres