CRITON
Non, par Zeus, je ne t'ai pas réveillé, Socrate. Je n'aurais pas supporté, moi, de rester si longtemps éveillé avec un tel chagrin, si depuis un long moment je n'avais été le témoin étonné de ton sommeil paisible. Et c'est bien exprès que je me suis retenu de te réveiller, pour te laisser goûter un moment agréable. Au reste, bien souvent au cours de ton existence, j'ai pu, dans le passé, admirer ton heureuse humeur, mais jamais autant que dans le malheur qui te frappe maintenant et dont tu supportes le poids avec une telle aisance et une telle douceur.