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Critiques de Stace (3)
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Thébaïde, tome 3

La plus grande partie de la littérature antique a disparu, engloutie par les destructions, incendies etc. Mais même parmi ce qui a échappé aux méandres du temps, peu d’oeuvres restent présentes dans le canon courant, et sont encore lues, sauf par des spécialistes, passionnés ou curieux. L’épopée latine se réduit la plupart du temps au seul Virgile. Or d’autres épopées ont été écrites, et certaines ont même survécu, en partie ou même en entier, comme cette Thébaïde qu’il n’est pas possible de dater avec précision, elle aurait été composée entre 80 et 95 de notre ère au plus tard.



On sait peu de choses de son auteur, Publius Papinius Statius, appelé couramment Stace en français. Né en 40 et mort en 96 de notre ère, il a vécu sa vie postérieurement à la date retenue pour fixer la vie du Christ. Ce qui a permis à une certaine tradition chrétienne conquérante de le revendiquer comme un crypto-chrétien. Cette étrange lecture de sa vie et son œuvre a permis à Dante de le choisir comme l’un de ses guides, au Purgatoire, dans lequel Virgile ne peut pénétrer en tant que païen, avant que Béatrice ne prenne le relais au Paradis. Le lien entre Stace et Virgile n’est pas dû au hasard, même si on considère comme délirantes, les interprétations selon lesquelles, Stace serait devenu chrétien suite à la lecture de Virgile annonçant la future naissance du Christ dans la quatrième églogue des Bucoliques. Mais il a incontestablement fortement inspiré Stace dans son œuvre, et tout particulièrement dans la Thébaïde.



Mais ce n’est pas son seul modèle. On peut y trouver sans grand effort la trace des tragédies de Sénèque et leur esthétique sanglante. D’autant plus que la trame narrative de la Thébaïde, qui repose sur les destinées horribles et meurtrières de la race maudite des rois thébains, dont le moment culminant est le duel entre les deux frères ennemis, Etéocle et Polynice, fils d’Oedipe et Jocaste, sa mère, nous est surtout connue par les tragédies antiques, dont un Œdipe de Sénèque. Plusieurs poèmes épiques sur cette trame semblent avoir existé, et certains ont même pu être attribué à Homère, mais ils sont perdus maintenant, à l’exception de quelques fragments. Les présentations de la Thébaïde qui j’ai consulté évoquent aussi l’influence de Lucain, et de son Pharsale, mais je dois les croire sur parole n’ayant encore jamais pratiqué cet auteur pour l’instant.



Mais le Pharsale évoque les guerres civiles romaines, bien réelles et historiques. Et Stace préfère revenir à la source de l’épopée, c’est à dire aux mythes, et aux interventions divines dans les destinées des hommes. Les mythes thébains sont parmi les plus connus, l’histoire d’Oedipe et de ses fils ne sont plus à présenter. Le poème de Stace débute au moment où Oedipe, aveugle, maudit ses fils. Ces derniers sont censés régner tour à tour. Mais Etéocle, qui est le premier à occuper le trône, fait partir son frère de Thèbes. Polynice trouvera refuge à Argos, auprès d’Adraste, le roi, dont il épousera la fille. Son beau père va soutenir ses prétentions au trône de Thèbes et lèvera une armée. Cette dernière sera conduite par sept chefs puissants, qui perdront tous la vie dans cette aventure. L’expédition prendra fin avec le combat entre Etéocle et Polynice, terminé par la mort des deux combattants. L’armée argienne quitte la scène, et Créon, l’oncle des deux frères, refuse la sépulture à Polynice, et aux Argiens. Les femmes argiennes vont solliciter Thésée, roi d’Athènes, qui va intervenir et mettre à mort Créon.



Nous sommes vraiment dans les horreurs et excès de la guerre, qui est présentée comme une fatalité, amenée en partie par les dieux, mais qui n’ont pas grand mal à provoquer l’hybris, la démesure, chez les hommes. Le personnage le plus représentatif de cette démesure et violence est Tydée, le beau frère de Polynice, qui est la sauvagerie à l’état pur. Au point de se voir refuser la vie divine à laquelle il aurait pu avoir droit. Mais presque tous les chefs de l’armée argienne sont des machines de guerre impitoyables, la mort et la destruction semblent être ce qui les meut, sans égard pour les conséquences, y compris pour eux-mêmes. Le texte de Stace a été souvent qualifié de baroque, en effet les descriptions des combats tout particulièrement, sont extrêmes. Le texte est très long, 12 chants et presque 10 000 vers, il comporte de nombreux épisodes, qu’il est impossible de résumer. Il y a visiblement des passages obligés, inspirés d’Homère, de Virgile, de Sénèque et d’autres écrivains. Mais il y a un ton propre à Stace, une esthétique de l’excès, une forme de constat de la folie des hommes, égarés par le goût du pouvoir, une pulsion à la violence, une incapacité à voir leurs limites. Plutôt que la grandeur d’Homère, ou une recherche d’équilibre, de rédemption comme chez Virgile, c’est le constat d’une sorte de faillite des ambitions humaines lorsqu’elles n’arrivent pas à mettre des bornes à leur propre démesure. Nous sommes dans une forme de désenchantement, jusqu’à ce que Thésée ramène une sorte de raison dans la folie destructrice en terminant d’une manière expéditive la guerre, sur une armée thébaine épuisée par son combat avec Argos, et permet une sorte de pacification des esprits.



Passionnant.
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Thébaïde, tome 1

Certes, j'admets, cela fait très 'médème' d'ajouter un peu de littérature antique. N'empêche, n'empêche, outre la traduction et le texte pour les ceusses qui latinisèrent, on trouve des notes de traduction qui font comprendre tous les écueils du jeu, et un texte qui nous ramène aux douceurs (! ) de vivre quand on est de la Terrible Lignée.



Au moins, voilà des textes qui ne nous empapaouètent pas l'esprit à force de niaiseries sentimentales ayant mal digéré Freud - un ilôt de plaisir, à lire ou relire.
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Thébaïd, tome 2

Grand écrivain de la Rome antique aujourd'hui injustement tombé dans l'oubli, Stace avait un style d'écriture remarquable - malgré certaines formulations obscures. Sa Thébaïde, pleine de bruit et de fureur, est d'une richesse foisonnante et épique.
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