L’évolution de l’économie et des usages ayant mené à la
fermeture de manufactures en Suisse et dans le monde, elle peut laisser craindre la perte de savoir-faire techniques et de connaissances historiques. Le principe de survie aujourd’hui réside dans la polyvalence : les artistes évoluent entre différents rôles, créant des objets pour l’industrie tout en réalisant des pièces uniques, des sculptures et des installations conceptuelles, composées ou non de rejets de la surconsommation. Cette polyvalence, ou ce jeu sur les frontières est, selon Christin Johansson, une des plus grandes forces des arts appliqués : ces derniers revendiquent la liberté de ne pas nécessairement être fonctionnels et de remettre en question la fonction et la forme des biens de consommation. L’antinomie entre les arts appliqués,
les beaux-arts et le design s’estompe et les différents territoires s’interpénètrent en profitant l’un à l’autre. Le fil conducteur doit rester l’engagement dans la céramique en tant que technique, tandis que la diversité des styles de ce nouvel ordre offre de prometteuses perspectives et des enrichissements interdisciplinaires.
Au-delà de l’amour de la terre et de l’exploration du matériau, un engagement particulier ressort des œuvres présentées au Musée Ariana dans le cadre de Luxe, calme & volupté – swissceramics. Toutes sont profondément ancrées dans lesconnaissances et la maîtrise technique du métier de céramiste, toutes également sont en relation forte et vive avec notre époque, qu’elle soit politique, sociale ou environnementale
Luxe, clame et volupté ou comment la céramique contemporaine suisse transgresse, exagère et persévère.