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Critiques de Tchulpan (2)
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Nuit

Voici un livre et un auteur que je voulais partager avec vous, ayant vécu 5 ans en Ouzbékistan au plus proche au quotidien des thématiques abordées, il m'a tout particulièrement marquée de par son actualité toujours aussi brûlante.



1916. Sous fond d'animosité et de félonie dans le harem du mingbochi (administrateur d'un canton) se trame le destin d'une jeune fille, Zébie, acculée à devenir la quatrième femme de celui-ci. A Tachkent, le mouvement du Djadidisme (partisan du djihad) fait écho.

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Non loin de là, le Padishah blanc (tsar de Russie) lutte contre l'ennemi extérieur : l'Allemagne, et l'ennemi intérieur, « les révolutionnaires » : les bolcheviks.

L'Empire du Turkestan russe tremble.



Mais quelle différence pour le peuple du Turkestan entre Djadidisme et Bolcheviks ?

Tchulpân revient souvent dans son livre sur l'illettrisme, l'inculture de son peuple. Il le compare à « Un peuple de moutons » « des vaches à lait qui se font traire par les russes. »



La perte de l'empire a pour cause première l'ignorance.



C'est en effet par le personnage central de Mir Yacoub , homme de profit , respectable notoire que Tchulpân soulève les questionnements de ce peuple entre foi et modernisme, voulant une réforme islamique afin de s'ouvrir au monde occidental mais qui par le soviétisme changera sa perception de l'occident et amènera la thématique anticoloniale , anti russe.



L'histoire de « Nuit » se passe en grande partie à Andijan, vallée de Ferghana, deuxième plus grande ville d'Ouzbekistan dans laquelle la tension endémique est toujours d'actualité, elle est un foyer de résistance, du tsar au colonialisme, du soviétisme à l'état Ouzbek actuel né de L'URSS.A ce jour, Ferghana la rebelle renferme toujours de par son isolement culturel des vagues d'islamisation radicales.



Une immersion dans la culture d'Asie Centrale, une partie de son histoire, sa domination, celle d'un peuple qui n'aura jamais gouté aux prémices d'une liberté.

Les scènes de vie et les traditions propres à l'Ouzbékistan sont relatées au travers de la traduction avisée de Stéphane A Dudoignon qui ne faillit pas, elle est d'une grande justesse.



Un livre que je conseille à toute personne intéressée par l'histoire de l'Asie Centrale, bien trop méconnue encore à ce jour.



Un hommage à Tchulpân, déporté au goulag en 1936 à la sortie de ce livre perçu comme une critique du stalinisme. Il fut exécuté.



Un hommage à toute la classe intellectuelle disparue également au Goulag , à toute la classe intellectuelle actuelle d'Ouzbékistan, opprimée, et toujours sous le joug de la dictature et des disparitions.
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Nuit

Le roman commence avec une jeune fille, Zebi, qui comme toutes les jeunes filles veut s’amuser avec ses amies, rire, chanter, et peut être tomber amoureuse. Mais voilà, son père est un soufi rigoureux, qui ne cesse de brimer sa femme et sa fille, leur refusant tout ce qui pourrait leur faire plaisir. Et lorsqu’elle arrive avec l’aide intelligente de sa mère à contourner les interdits de son père et partir quelques jours à la campagne avec des amies, un danger plus grand l’attend, dans la maison du Mingbochi (chef d’un canton pour le compte des Russes).



Le livre propose de très beaux portraits de nombreux personnages, qui donnent un tableau de la société ouzbèke du début du vingtième siècle, pendant la grande guerre, et juste avant la révolution russe et la soviétisation du pays. Le grand talent de l’auteur consiste à dresser des épisodes à première vue anodins, parfois drôles, parfois terribles ou ironiques, et à partir de tous ces personnages et tableaux, l’air de rien, nous montrer tout un monde, toute une société, une culture, et évoquer son histoire et son destin, par petites touches subtiles.



Le constat est terrible, la violence et l’injustice sont omniprésentes, dans les familles, dans la société ouzbek elle-même, mais aussi entre les indigènes et les Russes maîtres du pays. Une société dans une impasse. Et le pire est à venir, dont l’auteur sera très prochainement victime.



Un roman magnifique, superbement écrit, qui laisse trace dans la mémoire. Par ses beaux personnages, surtout ceux des femmes, par l’analyse intelligente d’une situation sociale et politique, et par le tableau qu’il laisse entrevoir d’un pays et d’une culture. Une grande œuvre universelle.

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