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Citation de Partemps


 Tel quel
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Les Américains et les Français ont tendance à revendiquer le concept d’individualisme comme trait de caractère national. Peut-on comparer l’individualisme dans les deux pays ?

[...] Bien sûr on peut le comparer. Il y a des points communs et puis des différences. Je crois que le point commun c’est, dans les deux cas, une méfiance assez grande à l’égard de l’État. Une méfiance qui va très loin dans les deux pays contre toute espèce de totalitarisme. Je crois qu’au fond c’est une des raisons pour lesquelles, finalement, le fascisme n’a jamais très bien marché France. C’est-à-dire que l’individu est là pour se décider tout seul sans que les autorités extérieures lui disent quoi faire. Mais je crois qu’il y a des différences assez profondes. [...]

Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, je crois que c’est en train de changer, il y avait [...] en France [...] une certaine tendance à opposer l’individu, non seulement à l’État, mais à la société, alors qu’aux États-Unis, ça n’a jamais été le cas. Ça a toujours été - de Tocqueville en parlait déjà - une société où des gens se groupaient entre eux. Alors qu’il y avait une méfiance à l’égard de ’État, vous avez, en échange, un très fort conformisme social, ce qu’il appelait la tyrannie de la majorité, c’est-à-dire, une très forte tyrannie des petits groupes. [...] Si bien qu’une des choses qui a toujours frappé le visiteur français aux États-Unis était justement tendance des Américains à se grouper, à former toutes sortes d’associations.

Une autre différence c’est que les Américains, lorsqu’ils parlent d’individualisme pensent surtout à l’économie, c’est-à-dire à toute la mythologie, et aussi la réalité de la concurrence, l’esprit d’entreprise, la loi du marché. Alors qu’en France, la concurrence, loi du marché, vous avez un petit secteur de la population, les hommes d’affaires, qui croient, et le reste, ceux qui n’y croient pas du tout, qui ne le pratiquent pas. Alors vous avez des nuances assez fortes.

Il y a une autre différence assez forte, les Américains, tout en se méfiant de l’État, les Américains ont quand même un sens civique assez développé. En France ce n’est pas toujours le cas. Alors vous avez ici un individualisme qui est assez compatible avec l’État, dans la mesure où l’État est considéré comme démocratique, ou du moins comme représentatif. Tandis qu’en France, l’individualisme a pris sa forme la plus typique dans les livres d’Alain, c’est-à-dire, le citoyen contre les pouvoirs. Les pouvoirs sont mauvais, élitistes et arbitraires par essence, donc, non seulement il faut s’en méfier, mais le mieux est de se tenir à distance, et puis, si on peut tricher, on triche.
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