Le revenu d’existence est le moyen qu’a trouvé le capitalisme pour survivre aux « externalités négatives » de sa propre automatisation : éviter une crise de surproduction en s’assurant d’une masse suffisante de consommateurs.
Le capitalisme ne porte pas en lui son dépassement, mais notre aliénation finale.
La ritournelle du progrès sans fin, du développement pour le développement, tourne sur elle-même. Quelles sont ces retombées prétendues positives ? Quelle est cette course ? Pour quel avenir ? Celui des ravages industriels, de la « destruction créatrice », du saccage du territoire. Quand on vous disait que les Verts n’étaient plus des cyclistes végétariens mais des technocrates compétitifs.
Il s’agit d’équiper chaque habitant de Lille Métropole d’une « carte de vie quotidienne » dotée d’une puce « sans contact ». C’est-à-dire d’identifier et de tracer à distance tous les habitants du Nord-pas-de-Calais. Ce projet n’est pas défendu par la droite de la droite mais par les socio-technocrates du Parti socialiste et les écolos-technocrates d’Europe écologie-Les Verts. Il est porté par Eric Quiquet et Dominique Plancke, respectivement élu aux transports de Lille Métropole et président de la commission Transports du conseil régional, qui défendent le flicage généralisé. Des Verts. Des écolos. Vous les preniez pour leur caricature : des hurluberlus inoffensifs, babas échappés de L’An 01, les personnages de Cabu et Gébé croqués dans les pages de Charlie Hebdo, de La Gueule ouverte, voire d’Actuel ou de Libération, cyclistes, végétariens, amateurs de bals folks et de fromages de chèvre. Ils s’en sont toujours défendus. Ils prouvent maintenant qu’ils avaient raison.
En quoi le métro représente-t-il une alternative à la voiture ? En rien. Il est un moyen de transport supplémentaire. Entre Lille et Roubaix, nous avons depuis 30 ans à la fois le métro et l’autoroute, toujours plus chargés l’un et l’autre avant et après les heures de bureau.
Les écologistes sont les cogestionnaires d'un désastre qu'ils souhaitent le plus durable possible.
Y a-t-il encore âme qui vive chez les gestionnaires écologistes ? Pendant deux ans, j'ai subi tous les matins et tous les soirs un métro bondé entre Lille et Roubaix. Une heure par jour perdu au milieu d'une foule aigrie et néanmoins pomponnée. Une heure coincée dans une masse d'individus recroquevillés sur leur iPod. Etions-nous à ce point des agressions les uns pour les autres ? Ou était-ce cet environnement sous néon, voix synthétiques et caméras qui nous obligeait à la méfiance ? Comme tous les gestionnaires de ce condensé de vie artificielle, automatique et impersonnelle, les écologistes sont insensibles à ce sentiment d'étrangeté qui nous traverse tous plus ou moins confusément.
[…] ce projet [le Club de Rome] prétend sauver la planète des « crises » dues à la croissance anarchique de l’industrie : crises alimentaires et épidémies, surpopulation, raréfaction des ressources naturelles, pénuries, conflits militaires, croissance des inégalités, augmentation de la consommation, globalisation de l’économie, etc. Ce chaos ne demande qu’à être organisé […].
Pour cela, ces experts font appel à la puissance de calcul des ordinateurs, divisent la planète en dix régions à administrer, modélisent le monde en systèmes, les populations et les « ressources naturelles » en autant de « variables statistiques » nécessaires à une gestion la plus rationnelle possible. Précurseurs de la « planification écologique » du Front de gauche et des Verts, ils proposent ni plus ni moins que la rationalisation centralisée de la production industrielle et agricole mondiale pilotée informatiquement par les décideurs […].
On vous parle donc, de partout, du techno-monde unifié par l'économie. Il s'agit d'une dictature technique au nom de l'urgence écologique. Laquelle s'appuie sur l'effondrement de la société, du lien social jusqu'à la biodiversité, pour justifier son emprise totale.
Eric Quiquet, jeune technocrate cycliste, multiplie dès 2002 les mesures d’ordre. Il installe « un dispositif humain de prévention médiation » de 500 « agents » en contrat d’insertion. Ceux-ci rôdent dans les stations en tenue orange, payés à être là. Puis 1200 caméras dans les couloirs et stations de métro, auxquelles s’ajoute, jusqu’à l’intérieur des rames et des autobus, la mise sous écoute des voyageurs. Ce n’est pas assez : Lille Métropole met en place « 2515 caméras enregistrant douze images par seconde sur disque dur amovible, qui sauvegardent 48 heures durant les vidéos à l’usage de la police nationale ».