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Citation de enkidu_


Les sages (ârifûn) s'élèvent depuis le bas de l'existence métaphorique jusqu'à la cime de l'existence vraie. Alors ils ont parfait leur ascension spirituelle et ils ont vu par la contemplation de visu (al-muchâhada al-iyâniyya) qu'il n'y a dans l'existence que Dieu, et que « toute chose est périssable sauf Sa Face ». Non pas que la chose devient périssable à un certain moment, mais au contraire qu'elle est périssable éternellement et perpétuellement, et qu'elle ne saurait être conçue qu'ainsi. En effet, toute chose autre que Lui, considérée dans son essence et en tant que telle, est pur néant. Tandis que, si l'on considère la face (wajh) par laquelle l'existence se communique à elle à partir de l'Un vrai, on la voit comme existante, non pas dans son essence mais par la face de son existentiateur, de sorte que l'existant est uniquement la face de Dieu.
(...)
Les sages, après s'être élevés jusqu'au ciel de la Vérité, sont d'accord sur le fait qu'ils n'ont vu dans l'Existence que l'Unique, le Réel (al-Haqq). Mais pour les uns cet état de conscience (hâl) n'est qu'une connaissance apprise, pour les autres c'est une expérience intérieure personnelle (dhawqî). La multiplicité est alors, pour ces derniers, entièrement supprimée et ils sont abîmés dans la pure unicité (fardâniyya), l'esprit comme frappé de stupeur, incapables de se souvenir d'un autre que Dieu et incapables de se souvenir d'eux-mêmes. Il n'y a en eux que Dieu, et ils sont dans un état d'ivresse (sukr) qui réduit leur raison à l'impuissance. C'est ainsi que l'un d'eux a pu dire : « je suis la Vérité » (anâ-l-Haqq), un autre : « los à moi ! que ma gloire est grande », et un troisième : « il n'y a sous ce manteau que Dieu ». Les paroles des passionnés de Dieu (uchchâq), dans cet état d'ivresse, sont à tenir secrètes et à ne pas répéter.
(...)
Quand cet état finit par l'emporter, on l'appelle, eu égard à celui qui en est le siège, « extinction » (fanâ), et même plus exactement « extinction de l'extinction » (fanâ al-fanâ), car il est « éteint » à lui-même et « éteint » à sa propre « extinction ». En effet, dans cet état il n'est pas conscient de lui-même, et il n'a pas non plus conscience de ne pas être conscient de lui-même, car s'il avait conscience qu'il n'est plus conscient de lui-même, c'est qu'il serait encore conscient de lui-même ! Un tel état, relativement à celui qui s'y trouve plongé, n'est appelé « identification » (ittihâd) que par abus de langage, alors que son véritable nom est « réduction à l'Unité » (tawhid). Mais se cachent derrière ces vérités d'autres mystères, qu'il serait trop long d'aborder. (pp. 52-55)
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