Après une discussion approfondie, l'Académie a arrêté les principes qui devaient la guider dans le choix des mots qui seront traités dans ce Dictionnaire. Elle en a formé la liste générale, si elle a admis dans cette liste :
1- Les mots qui appartiennent à l'enseignement et à la pratique des beaux-arts;
2- Les mots de la langue générale qui s'appliquent à la théorie, à l'histoire des beaux-arts, à l'esthétique;
3- Les mots qui désignent les ouvrages d'arts; ceux qui concernent la décoration intérieure des palais, etc.;
4-Ceux qui désignent les établissements consacrés, soit à la culture des beaux-arts en général, soit à une étude spéciale, comme Académie, Conservatoire, Musée, etc.;
5- Les noms des dieux, des déesses, des héros de la mythologie, parce que ce sont des types, et qu'ils ont été l'objet, dans l'antiquité, des nombreux monuments de tout genre, temples, statues, bas-reliefs, peintures, médailles, pierres gravées, vases peints, etc.;
6- Les noms des villes célèbres par le monuments et qui ont exercé une grande influence sur la culture des arts, comme Athènes, Delphes, Égine, Florence, Olympie, Rome ancienne et moderne, etc;
7- Et enfin les mots qui s'appliquent à des coutumes, à des cérémonies pratiquées chez les anciens, comme Ablution, Acclamation, Funérailles, etc., et qui ont donné lieu aussi à des monuments de tout genre.
FABRIQUÉS, du mot italien fabbriche, se dit des habitations ou des monuments introduits par le peintre dans la composition d’un tableau de paysage, particulièrement lorsque ces monuments ont un caractère qui les distingue des constructions vulgaires ou rustiques. On n’appliquerait pas, par exemple, le terme de fabriques aux chaumières ou aux moulins qui figurent dans les oeuvres des paysagistes hollandais; mais, en parlant des paysages de Claude le Lorrain ou de Poussin, on dira que les fabriques qui les décorent y complètent la cadence des lignes ou qu’elles ajoutent à la majesté de l'ensemble. Ce mot, d‘un usage général en France depuis le XVIIe siècle jusqu'au commencement du siècle présent, c‘est-à-dire aux époques où le paysage dit « historique » restait en faveur, est aujourd’hui à peu près abandonné.
CIRE. La cire est d'une grande ressource dans les arts. Sa qualité malléable et sa finesse la rendent très-utile aux sculpteurs, aux orfèvres, aux graveurs en médailles ou en pierres fines, pour exécuter leurs modèles , et même souvent aux peintres pour exécuter leurs maquettes. Le lecture des Mémoires de Benvenuto Cellini fera comprendre de quel secours peut être la cire dans des travaux de cet ordre, quelles qu’en soient d’ailleurs les dimensions. Les modèles en cire se con servent, et c'est un grand avantage qu'ils ont sur les modèles en terre. Il en existe encore aujourd‘hui qui remontent à l‘époque de la Renaissance, et même à des époques beaucoup plus reculées, comme le prouvent certains monuments conservés au musée assyrien du Louvre.
CLAIR. Pris comme substantif, les clairs, dans un tableau, dans un dessin, ou dans une gravure, sont toutes les parties de la surface non occupées parles ombres. On dit : les clairs sont larges ou éparpillés, éclatants ou voilés, brillants ou ternes, chauds ou froids. Pris comme adjectif, le mot clair, appliqué aux arts du dessin. a, au propre comme au figuré, la même signification que dans l‘usage habituel. Toutefois, dans le langage particulier aux artistes,clair n‘est point synonyme de lumineux. Un tableau peut être clair sans être lumineux, comme par exemple le Couronnement de la Vierge, de Fra Angelico ; pareillement, il peut, comme le sont beaucoup d‘ouvrages de Rembrandt, être lumineux sans être clair.
FAC-SIMILÉ. Ces deux mots latins, réunis en un seul et francisés par l‘usage, s'appliquent à la reproduction littérale, soit par la main d'un copiste, soit à l‘aide de quelque moyen mécanique, de modèles fournis par la plume, le crayon, le burin ou la pointe.
La gravure en fac-similé, d‘après des originaux gravés eux-mêmes, est à peu près à. ceux-ci ce que le moulage est aux oeuvres de la sculpture; sauf cette différence toutefois, que les opérations du moulage aboutissent à des résultats matériels inévitablement exacts, tandis que, pour la fidèle transcription sur le métal d'un modèle exécuté suivant le même procédé, tout dépend de la conscience et de l’habileté personnelle du copiste.
CANOPE, vase égyptien, de forme très-simple, fermé par un couvercle que
surmonte ordinairement une tête symbolique d'homme, de femme, de chacal ou d'épervier. Lorsqu'on embaumait les Égyptiens, les viscères séparés du corps étaient placés dans des canapés au mi lieu de parfums, et conservés auprès des coffres de momies. Ces vases funéraires, qui ont été trouvés en très-grand nombre dans les hypogées de l'Égypte, et dont on voit des exemples dans les collections publiques et particulières, contiennent souvent des momies d'ibis sacrés, ou celles d'autres animaux que les Égyptiens conservaient religieusement après leur mort.
CRAMPON , morceau de fer ou de bronze qui est ordinairement coudé à ses extrémités et qui sert à relier deux pierres ou d‘autres matériaux employés dans la construction des bâtiments. Les deux bouts du crampon sont scellés au plomb ou au ciment dans des trous pratiqués de Façon à les recevoir et à empêcher l'écartement. On fait des crampons à patte pour lier entre elles deux pièces de charpente ou de grosse menuiserie.
GAUDE. Plante tinctoriale du genre réséda, M. Chevreul, en 1832, isola pour la première fois cette couleur. C'est d'une décoction des extrémités fleuries de la plante que l'on obtient, en précipitant le liquide par l‘acétate de plomb, des cristaux qui fournissent la la que de gaude. Cette couleur s‘emploie dans la peinture à l'huile. Elle n'est pas solide.
ANAGLYPHE, ANAGLYPTE, mot grecs employés toujours comme adjectifs et qui signifient, sculpté, orné de sculptures. Les antiquaires qui ont écrit en latin ont souvent abusé de ce mot en l'employant avec la signification plus particulière de bas-relief.
CANNELER, c'est creuser des cannelures ou des canaux dans le fût d'une colonne ou d'un pilastre, ou bien dans les gaines, termes, consoles, vases, larmiers, etc._