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Citation de Souri7


— Jamais je n’oublierai ce voyage… Il me semble vivre un cauchemar.
L’entendant, Ferguson l’interpella d’un ton agressif :
— Vous êtes trop civilisée, mademoiselle. Vous devriez considérer la mort à la façon des Orientaux. Ce n’est, après tout, qu’un incident… sans importance.
— Vous nous débitez des inepties ! lança Cornélia, en rougissant.
Mr Ferguson, irrité, insista :
— J’abandonne la partie. Vous êtes impayable ! Vous manquez totalement de caractère ! (Il se tourna vers Poirot.) Savez-vous, monsieur, que le père de Miss Cornélia a été ruiné par celui de Linnet Ridgeway ? Au lieu de grincer des dents en voyant la riche héritière arborer son collier de perles et les derniers modèles de Paris, elle bêle d’admiration. N’est-ce point sublime ? Je doute même qu’elle ait ressenti la moindre rancune contre cette femme.
— Pardon, dit Cornélia rougissante, j’en ai eu, mais juste une minute. Papa est mort découragé, parce qu’il n’avait pas réussi.
— Elle lui en a voulu juste une minute. Quelle pitié !
— Vous dites toujours que ce qui importe le plus, c’est l’avenir et non le passé. Tout cela n’est que le passé. N’en parlons plus.
— Elle me dépasse ! dit Ferguson. Cornélia Robson, seule femme vraiment bonne que j’aie rencontrée, voulez-vous m’épouser ?
— Vous êtes fou !
— Ma proposition est très sincère… même si elle a pour témoin ce vieux limier. Vous m’entendez, monsieur Poirot, je demande la main de cette jeune bourgeoise… je lui offre de passer avec moi devant le pasteur. Eh bien, Cornélia, est-ce oui ?
— Vous êtes absolument ridicule !
— Pourquoi ne pas nous marier ?
Toute rougissante, elle courut se réfugier dans sa cabine. Ferguson la suivit des yeux.
Puis il fit une pirouette et entra dans le salon vitré.
Miss Van Schuyler, installée dans son coin habituel, tricotait. Ferguson s’avança vers elle. Hercule Poirot arriva sans bruit, prit un siège à une distance raisonnable et fit semblant de lire une revue.
— Veuillez m’écouter, miss Van Schuyler, commença Ferguson. Je voudrais vous entretenir d’un sujet très important. Voici : je désire épouser votre nièce.
— Vous perdez la tête, jeune homme !
— Pas du tout. Je suis tellement décidé à l’épouser que je lui ai demandé sa main.
— Je suppose qu’elle vous a envoyé promener ?
— Oui, elle a refusé.
— Je m’en doutais bien.
— Qu’avez-vous à me reprocher ?
— Vous devriez le savoir, monsieur… À propos, comment vous appelez-vous ?
— Ferguson.
— Monsieur Ferguson. (Elle prononça ce nom avec dédain.) Il ne saurait être question d’un mariage entre vous et ma nièce.
— Le rang !… Le rang !…
La porte s’ouvrit toute grande et Cornélia apparut. Elle s’arrêta net à la vue de sa redoutable cousine.
— Cornélia ! s’écria miss Van Schuyler d’une voix rauque. As-tu encouragé ce jeune homme ?
— Moi ? Non, bien sûr… c’est-à-dire… pas exactement…
Mr Ferguson vint au secours de la jeune fille.
— Elle ne m’a nullement encouragé. C’est moi qui suis en cause. Son bon cœur l’a empêchée de me repousser ouvertement. Cornélia, votre tante me juge indigne de vous, à cause de mon rang social. Est-ce aussi la raison de votre refus ?
— Non ! répondit Cornélia rougissante. Si… je vous aimais, rien ne m’empêcherait de vous épouser.
— Alors, vous ne m’aimez pas ?
— Vous passez les bornes. Vous dites des choses… Jamais je n’ai rencontré un homme comme vous… Je…
Refoulant les larmes qui montaient à ses yeux, Cornélia s’enfuit.
— Dans l’ensemble, dit Mr Ferguson, c’est un assez bon début.
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