Gaël a d'abord été le bébé joufflu dont on pince les bourrelets entre le pouce te l'index en faisant "gouzi-gouzi-comme-il-a-de-bonnes-joues", et puis le gamin bien en chair dont on a un peu pitié dans la cour de l'école parce qu'il devient rouge avant tout le monde, le bon copain à l'adolescence, gros mais sympa, sympa mais gros, l'adulte obèse sur qui les gens continuent de se retourner, plus discrètement, et encore, pas toujours. Alors des quolibets, voire des insultes, il en a essuyé autant qu'un phare affronte les grandes marées. Il est toujours là, debout, prêt à affronter le regard des autres, mais le jugement agit comme l'eau salée des tempêtes, ça gifle, ça grignote la surface sans vergogne, et il ne faut pourtant pas sombrer.