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Citation de deashelle


Dans "Le Garçon qui voulait dormir" Erwin, le personnage principal, est un adolescent rescapé des camps que tous appellent « le garçon du sommeil ». Depuis la fin de la guerre, il dort. Pour oublier les épreuves, revivre son enfance et pour se recréer. « Dans mon sommeil j'étais relié à mes parents, à la maison dans laquelle j'avais grandi. » Ses compagnons d’infortune le nourrissent et le portent comme s’il représentait leur unique espoir. Au cours de cette douce torpeur Erwin traverse le temps et retrouve les voix aimées de ses parents ou de ses grands-parents disparus lors de la Shoah et il converse avec eux en rêve. Il leur demande conseil pour tenter de renaître à sa nouvelle réalité : le camp de réfugiés dans lequel il se trouve, dans la région de Naples. Il se demande : se peut-il que "nous portions en nous d'autres personnes que nous-mêmes" ? L’écriture est une façon d’accéder à la mémoire d'êtres et de situations déposés en nous comme des sédiments fertiles. Le sommeil profond devient une source de recréation.

L’histoire est autobiographique, déclare Aharon Appelfeld: " Comme lui, j'ai compris que je ne pourrais jamais plus communiquer avec mes ancêtres dans ma langue maternelle devenue celle des assassins. C'est pourquoi je me suis lancé dans l'hébreu. Chaque jour, je recopiais un passage de la Bible. Ce fut non pas un apprentissage grammatical ou intellectuel, mais la lente construction d'un lien intime passant par la musique et la couleur des mots."
Dans le camp de réfugiés avant le grand départ pour Israël, Erwin change de nom, de langue, et se métamorphose physiquement sous la houlette d’un agent d’Israël enthousiaste, Efraïm qui a sélectionné les meilleurs espoirs du camp et leur impose une discipline rigoureuse. Les jeunes recrues sont peu à peu isolées de leurs anciens compagnons et de leur langue première.

Après une traversée en bateau très éprouvante, les voilà installés en Israël occupés à la construction de vergers en plein désert, tout en subissant un entraînement militaire intensif. Au cours de la guerre civile qui éclate avant la création du nouvel état, il perdra l’usage de ses jambes lors de la première escarmouche. Le voilà infirme, une longue rééducation qui dure plusieurs s’impose à nouveau pour relier ses jambes invalides à son corps. Ses compagnons lui rendent visite et racontent leur vie. Aharon renoue avec les vertus du sommeil et fait confiance à la vie que peut ressusciter l’hébreu, langue de silences et de prières.

A l’instar de son père, dont l’espoir de devenir écrivain avait été déçu, il veut devenir écrivain. Il se reconstruit porté cette fois par la vertu de la langue hébraïque qu’il fait sienne en recopiant inlassablement la bible. La guérison physique ira de pair avec l’acquisition de ses nouvelles racines linguistiques et mythiques. La langue est source d’espoir, berceau d’humanité et d’imaginaire. Lieu privilégié de reconstruction quand le silence est devenu le seul moyen de décrire ce qu’ils ont tous nommé, lui et les rescapés, La Catastrophe
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