Jusqu’à l’âge de douze ans, sa vie fut ainsi, parsemée de punitions dans la cabane qui était devenue un lieu où il avait peur, surtout la nuit. Lorsque sa mère avait trop bu, elle venait le narguer, et lui jetait une pie dans la cabane pour le terroriser. La pauvre bête était affolée, parfois elle s’en prenait à lui en le frappant à la tête de son bec acéré. Au début, il se protégeait avec les bras qui devenaient la cible de l’oiseau. Puis, un jour il se rebella, et avec un bâton qu’il avait pris soin d’emporter, il les assommait et avec son canif, leur coupait la tête afin d’être certain que leur bec ne le ferait plus souffrir.
Il faudra du temps, oui beaucoup de temps pour cicatriser sa méchanceté et sa violence. Lorsqu’ils quittèrent l’établissement sous les courbettes du maître d’hôtel, elle angoissait à l’approche de la nuit qui s’annonçait. Il allait certainement vouloir lui faire l’amour. Elle n’en avait vraiment aucune envie. Pendant le trajet, elle ne dit mot, cherchant une excuse acceptable par Michaël afin d’éviter ce qui devenait une corvée conjugale.
Il savait que son physique plaisait aux femmes, pourtant, jusqu’ici, il n’avait jamais osé s’engager dans une relation. La faute en revenait à sa mère qu’il détestait profondément dont l’image s’interposait à chaque fois lorsqu’il se trouvait face à une femme. Le souvenir de la cabane dans laquelle l’enfermait sa mère pour le punir le hantait depuis de nombreuses années. Lorsqu’elle était ivre, elle s’approchait de la porte pour le provoquer à travers un interstice par lequel elle le narguait puis lui lançait un oiseau au visage en chantant : « Petit oiseau, cherche la lumière, mange-lui le cerveau, en un éclair ! » Suivait un rire qui résonnait encore dans sa tête. Depuis, les femmes lui paraissaient mauvaises et moqueuses de sa timidité excessive.
Certaines la regardaient. L’observaient. Attendaient qu’elle parle, comme elles, de son malheur qui l’avait traîné jusqu’ici. Comme si le fait de savoir que d’autres personnes qu’elles souffraient atténuerait leurs supplices.
Une enquête c’est un travail d’équipe. Et cette équipe doit être forte et soudée. Il n’y a qu’au cinéma où les enquêtes se font par un seul flic.