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Citation de SZRAMOWO


Ce pourrait être un mirage né de la chaleur. La route qui vibre là-bas. Les façades qui ondulent. La lumière en fusion. L’air vitrifié. L’haleine brûlante des murs. La végétation pétrifiée, ou coulée dans le bronze. L’empreinte des mules et des attelages incrustée dans le sol pour l’éternité. Et cet immobile bourdonnement du silence.
En haut de la rue, devant moi, près de la pompe à essence squelettique, la poussière miroite et scintille comme une lame de schiste. Même les chiens errants ont gagné leurs retraites. Ils attendent la fin de la torpeur. Même les oiseaux.
La cloche de la paroisse a sonné trois coups à l’instant précis où j’ouvrais ma porte avec précaution, en retenant mon souffle.
Clouées au pied des choses, les ombres ont des bords acérés. Le ciel incandescent grésille sur les terrasses. Il coule le long des murs. Un étincellement liquide abolit leurs couleurs. Les bleus lavés. Les ocres pâles. Les jaunes languissants. Les bistres exsangues. Les vieux roses éteints des anciens palais, d’où les élégances et les raffinements ont été bannis pour toujours.
Les lames des jalousies projettent contre les jambes des dormeurs des hachures de clarté. Des hommes aux aisselles gluantes, huilés d’une sueur malsaine, reçoivent la luxurieuse caresse de la sieste. Certains sont jetés en travers d’une femme qui garde les yeux grands ouverts au fond de la pénombre.
Après l’épicerie-garage, placée sous l’invocation des saints Jean-Baptiste et Christophe, la pente s’adoucit jusqu’aux cabanes d’argile qui marquent la limite orientale du village. Ensuite vient l’esplanade. Les souffles du soir et du matin, les vents de mer et de montagne y ramassent en monticules erratiques la poussière (cette cendre terre d’ombre que l’on voit ici). Ailleurs le sol est à vif.
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