Heureusement, me dirai-je plus tard, elle n'aura pas su alors ce qui était arrivé à Helena. Elle aura eu, j'aurai eu, un peu de répit. Une sorte d'état de grâce, un état d'apesanteur pourrait-on dire, ne pas avoir connaissance de ce qui s'était passé permettait de vivre encore d'espoir. Bien sûr, en ce temps-là, je ne saurai rien de tout cela, j'ignorerai que ma grand-mère ne reviendra pas, que mes autres grands-parents n'existent plus, que cette famille dont ma mère me parlait de temps à autre, dont je connaîtrai les prénoms sans savoir à quels visages ils correspondent, que cette famille donc n'est plus qu'une illusion d'optique, un leurre dans un album de photos, un univers détruit que rien ne permettra de reconstruire.
Nous étions la génération née dans le feu et qui avait grandi dans la cendre