De plus, la conversation laisse peu de place à la révision de nos énoncés originaux, ce qui ne s’accorde guère avec notre tendance à ne savoir ce que nous voulons dire qu’après avoir essayé au moins une fois de le dire, tandis que l’écrit s’accommode, et en grande partie se compose, de réécriture, processus durant lequel les pensées originales – lambeaux grossiers et désorganisés – sont enrichies et nuancées au fil du temps. Elles peuvent donc apparaître sur une page selon la logique et l’ordre esthétique qu’elles exigent, au lieu de subir les distorsions infligées par la conversation, limitée par le nombre réduit de corrections et d’ajouts qu’on peut faire avant de pousser à bout l’interlocuteur le plus patient.