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Citation de jlvlivres


La machine, une Olympia française, ne facilitait pas les choses. À peine me mettais-je à écrire, enhardi par la première étincelle qui faisait vibrer le désert de l'attente, que mes doigts s'enlisaient dans une bataille inégale avec les ruses du clavier. Ils s'inclinaient comme il fallait le prévoir, surpris par des accents indésirés ou par l'agencement trompeur des caractères, et le pire était que ce duel absorbait le temps et l'énergie que j'avais péniblement engrangés pour écrire. Certes chaque dérapage (le signe qui apparaissait toujours à la place du «ñ», les «o» et les «i» fatalement inaccentués, les malicieuses transpositions de la typographie) m'offrait en même temps une bouture inattendue de littérature précoce. Un autre écrivain, moins enclin que moi à se formaliser de ce genre d'accidents, aurait su célébrer et exploiter ces rejetons d'inspiration sauvage. Je ne sais combien d'histoires, de livres j'ai ainsi laissé filer, occupé que j'étais à régler le différend entre mes doigts et les touches du clavier, avant de les laisser agoniser et mourir enfin dans ces chausse-trappes dactylographiques qui étaient comme leurs urnes funéraires
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