Cela fait un mois que je passe la nuit ici,au quatrième étage de cette maison en pierre héritée de mes tantes.On dirait une tour.Je pense à Montaigne et à Hölderlin , au rôle que les maisons jouent dans la vie des écrivains.
Surtout les tours. Les tours isolent, les écrivains s'y sentent protégés et loin de tout, comme s'ils n'appartenaient pas à cette terre.Abandonner les jardins pour monter vers la montagne, telle était l'indication de Hölderlin qui passa les trente-six dernières années de sa vie dans la tour d'un menuisier, Ernst Zimmer, au bord du Necjar, à Tübingen.Un menuisier qui accueille un schizophrène pendant trente-six ans est une oeuvre d'art.Montaigne regagna plus confortablement le château familial, à cent kilomètres de Bordeaux, entre Castillon et Bergerac.Là aussi, il y avait une tour pour l'accueillir.
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