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Citation de Petitebijou


Meursault pensait à Lucienne Raynal. Quand il avait dit auparavant que les femmes étaient belles dans les rues, il voulait dire surtout qu'une femme lui avait paru belle. Il l'avait rencontrée chez des amis. Une semaine auparavant, ils étaient sortis ensemble et, n'ayant rien à faire, s'étaient promenés sur les boulevards, le long du port, par une belle matinée chaude. Elle n'avait pas desseré les dents et, la raccompagnant chez elle, Meursault s'était surpris à lui serrer la main longuement et à lui sourire. Elle était assez grande, ne portait pas de chapeau, était chaussée de sandales découvertes et habillée d'une robe de toile blanche. Sur les boulevards ils avaient marché contre un vent léger. Elle posait son pied bien à plat sur les dalles chaudes, y prenait appui pour se soulever légèrement contre le vent. Dans ce mouvement, sa robe se plaquait contre elle et dessinait son ventre plat et bombé. Avec ses cheveux blonds en arrière, son nez petit et droit et l'élan magnifique de ses seins, elle figurait et sanctionnait une sorte d'accord secret qui la liait à la terre et ordonnait le monde autour de ses mouvements. Lorsque, son sac balancé dans la main droite ornée du bracelet d'argent qui cliquetait contre la fermeture, elle levait la main gauche au-dessus de sa tête pour se protéger du soleil, la pointe du pied droit encore sur le sol, mais prêt à le quitter, il semblait à Patrice qu'elle liait ses gestes au monde.
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