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Citation de granzangar


[…] Il sourit à son destin. Par intelligence, il a réussi autrefois. Député, ministre et cetera. Une réussite fragile, parce que seulement d’intelligence. Une réussite sur corde raide et sans filet. Dépourvu d’alliances, de parentés, d’amitiés héritées, d’amitié d’enfance et d’adolescence, de toutes les protections naturelles que tisse l’appartenance vrai à un milieu, il n’a jamais pu compter que sur lui. Une gaffe généreuse l’a fait tomber. Il n’est plus qu’un homme seul. Les autres, les enracinés, un tas de fils protecteurs les relient à des alliés naturels. La vie est douce à ces normaux, si douce qu’ils ne savent pas ce qu’ils doivent à leur milieu, et ils croient avoir réussi par leur propre mérite. Le rôle que jouent les parents et les relations de longue date pour l’immense bande des veinards, conseillers d’État, inspecteurs des Finances, diplomates, tous anciens cancres. Il voudrait bien les y voir à sa place, crétins protégés depuis leur naissance, doucement portés par le social du berceau à la tombe. Si le Proust avait voulu, son père le faisait entrer tout gentiment, sans peine aucune, au Quai d’Orsay, le crétin Norpois, ami du papa Proust, étant tout près à introduire le fiston chez les autres crétins. Eh oui, il le sait bien qu’ils ne sont ni crétins, ni anciens cancres. Il dit crétins, il dit cancres parce qu’il, oh assez. Oui, une réussite sans le filet du social. Et alors sa gaffe à la réunion du Conseil de leur Société Des Nations, et il s’est cassé les reins. Et le lendemain, la gaffe plus terrible d’avoir envoyé la lettre anonyme révélant l’irrégularité de sa naturalisation. Désormais un homme seul, et comme patrie, une femme.
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