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Citation de Croquignolle


Alors commençaient leurs heures hautes, comme elle disait. Grave, il lui baisait la main, sachant combien leur vie était fausse et ridicule. Après le déjeuner, il sentait qu’il était devenu moralement indispensable de procéder à une union sexuelle, il lui disait qu’il aimerait se reposer un peu avec elle, car il y fallait des manières. Elle comprenait, lui baisait la main. Je vous appellerai, disait-elle, une petite victoire dans le cœur, et elle allait dans sa chambre. Là, elle fermait les volets, tirait les rideaux, voilait de rouge la lampe de chevet pour faire lumière voluptueuse, peut-être aussi pour neutraliser d’éventuelles rougeurs d’après-déjeûner, se déshabillait, couvrait sa nudité d’une robe d’amour, sorte de péplum soyeux de son invention qui n’était mis que pour être enlevé, se refaisait une perfection, passait à son doigt l’alliance de platine qu’elle lui avait demandé de lui offrir, remontait le sacré gramophone, et l’air de Mozart s’élevait, tout comme au Royal. Alors il entrait, officiant malgré lui, parfois se mordant la lèvre pour maîtriser le fou rire, et la prêtresse en sa robe consacrée renflait ses muscles maxillaires pour se mettre ou se croire en état de désir. Mon sacré, lui avait-elle dit un jour en le déshabillant doucement. Massacrée lui avait-il répondu intérieurement. Pauvre vengeance.
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