Or, le Livre des Morts, ce papyrus funèbre, que tout Égyptien emportait avec lui dans sa tombe, contient précisément une mention de cérémonies accomplies, qui conservent le souvenir de ces rites. C'est l'une des invocations adressées au mort; la voici : « Ta tête, mon maître, est dans la corbeille de cheveux naviguant par la chevelure d'une femme d'Asie. » Plus encore, le chapitre relatif à la barque infernale, parle d'un câble de cheveux. C'est « la tresse au poteau d'abordage ». Cette tresse ne pouvait être faite que de cheveux de femmes, car les Égyptiens avaient la tête soigneusement rasée, tandis que les femmes veuves sacrifiaient l'une de leurs tresses, coutume à laquelle s'était conformée Isis.
Par malheur, une opinion très fausse, mais très répandue, a déjà induit en erreur maints critiques d’art et maints architectes. Tous ont supposé, à priori} que les conquérants arabes avaient rasé les monuments chrétiens d’Égypte, et il n’est pas jusqu’à Viollet-le-Duc qui n’ait écrit quelque part : « Il ne reste rien des monuments de l’école d’Alexandrie : les armées d’Omar détruisirent les monuments chrétiens de la vallée du Nil, de même que les bibliothèques. »Or, pour ma part, j’ai relevé plus de vingt églises coptes et de douze monastères. L’Ouady-Natron renferme quatre couvents fondés au vie siècle : les fondations fort reconnaissables de quinze à vingt autres gisent à l’entour, comme autant d’exemples de l’architecture alexandrine.
En Syrie, l’Islam avait trouvé le byzantin triomphant et les coupoles constellées de mosaïques. Mais, sous leurs courbes enveloppantes, toujours semblables à elles-mêmes, où pas un point ne s’ouvre à l’élan de l’âme, il s’était senti étouffer de même que le christianisme des ascètes : en Égypte, une communauté de sentiments le poussa vers l’école d’Alexandrie; il en accepta la donnée et ce fut elle qui bâtit la mosquée d’Amrou.
Cet obélisque qui, aujourd'hui, se dresse à Rome, sur la place du Pensio, et qui relate les honneurs rendus à Antinoüs, fut-il érigé par Hadrien dans sa capitale ou rapporté d'Égypte par Héliogabale ? La question est, à cette heure, encore insoluble. Mais, même en admettant une origine romaine, les détails qu'il nous donne ont trait à des cérémonies accomplies en Égypte; il ne saurait y avoir de doute à cet égard.
Le résultat ne fut point celui qu'on était en droit d'espérer; mais, dans son imprévu, il venait compléter d'une heureuse façon la découverte du temple de Ramsès II, et confirmer l'hypothèse, émise alors, que ce temple n'était autre que la chapelle funéraire d'Antinoüs; et que la tombe de celui-ci, dissimulée aux flancs d'une montagne voisine, avait renfermé autrefois ou renfermait même encore sa momie.
L’état merveilleux de conservation de ce corps, les particularités données par la couronne de feuillage et les yeux d’or n’étaient rien toutefois en comparaison de l’intérêt exceptionnel qui s’attachait aux objets recueillis dans la tombe : le laraire, et tout un groupe d’amulettes, qu’au premier examen il était difficile d’identifier.