En Suisse, je voyais le moderne et l’ancien se côtoyer. En gare de Lausanne, on pouvait trouver des trains neufs et d’autres qui semblaient dater d’une autre époque. Sur le lac, il y avait des bateaux avec des roues à aubes et des machines à vapeur. Le tout était propre, fonctionnel et parfaitement entretenu.
Le plus frappant c’était les machines qui vendaient les journaux. Elles n’avaient aucune protection. Les gens mettaient les pièces dans une boite, puis se servaient un journal. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que chez-nous un tel système aurait été impossible. Les enfants de la rue aurait brûlé les journaux et détruit les boites le premier jour.
Quand l’insécurité arrive, refuser la violence – genre Gandhi – est une position très honorable mais qui ne marche pas. A la rigueur, contre les voleurs, on peut toujours s’en sortir en évitant de prendre avec soi des objets de valeur ou trainer dans les zones « chaudes ». Mais nous avions la hoggra : une tare spécifique aux sociétés influencées par l’arabisme. Une personne que vous ne connaissez pas peut surgir et vous reprocher un regard puis décider de vous châtier à coup de poings jusqu’à ce que votre face soit en bouillie. Pour les psychopathes, l’autre n’existe que pour satisfaire leurs désirs et leurs pulsions. Pour eux, briser des os humains c’est comme éclater des bulles de plastique d’emballage pour déstresser. Leur absence totale d’empathie les rend capables d’horreurs qui rempliraient d’effroi un tortionnaire à la solde de Pinochet. La seule chose capable de les arrêter est la force. Vous êtes plus fort ils fuient. Vous êtes plus faible ils vous écrasent.
Comme tous les systèmes totalitaires, l’islamisme est porté par d’excellents orateurs. Ils chauffent la foule en parlant de corruption, de misère et d’injustices. Les gens approuvent et applaudissent à chaque déclaration fracassante. Pour une fois, ils l’ont l’impression d’entendre un politicien qui les comprend.
La rue, c’est la jungle. La seule loi est celle du plus fort. Pour survivre, il faut vite apprendre à cogner, obéir aux codes de la meute, agresser pour obtenir ce qu’on désire. Au fur et à mesure qu’ils grandissaient, ces enfants devenaient des sauvages, c’est-à-dire des personnes sans aucune aptitude à vivre avec l’autre en respectant son bien-être, sa dignité, sa propriété ou sa vie tout simplement.
Pendant des décennies, nos hommes politiques ont débité des discours dans un Arabe auquel personne ne comprenait rien ; même pas eux-mêmes ! Comme les propos étaient creux, la seule manière d’y mettre un peu de consistance était d’inclure des expressions compliquées et des mots qui ne veulent rien dire. Depuis l’indépendance du pays, nous cultivions une drôle de singularité parmi les nations : nous avions une langue officielle que personne ne parle à la maison. Les Algériens ne parlent pas l’Arabe mais parlent l’Algérien. C’est une langue très dynamique qui évolue très vite et connait beaucoup d’influences régionales et d’emprunts extérieurs. Pour nous, l’Arabe est une langue étrangère que nous découvrons quand nous commençons l’école. Pourquoi avons-nous choisi cette langue ? Pourquoi l’avions-nous élevée au rang de langue officielle ? Parce que c’est la langue du Coran. C’est un peu comme si les Français utilisaient le Grec comme langue officielle parce que c’est la langue d’origine du Nouveau Testament.
Beaucoup pensent qu’il faut être un crack en mathématiques pour faire aviation. C’est un mythe. On ne vous demandera jamais de faire du calcul différentiel ou de vous frotter aux équations canoniques de Hamilton. Par contre, il faut connaitre ses bases sans hésitation. Une personne qui a du mal à faire une règle de trois ou calculer la longueur d’un arc de cercle aura de gros soucis. Beaucoup de mes collègues en avaient. Certains avaient quitté l’école depuis longtemps et ne se souvenaient plus de rien. D’autres avaient fait leur lycée en Suisse où l’accent est plus mis sur les langues que sur les sciences.
De nos jours, un ado avec un ordinateur et 300 dollars peut faire tomber un régime Arabe ou causer des tueries. Si on a des moyens plus importants et du temps, on peut les transformer en Peaux-Rouges ou Esquimaux en dix ans. De mon temps de vie, j’ai vu des changements impossibles en mille ans dans une société stable. En quelques années, l’islamisme a pu manipuler sans la moindre barrière les gens et changer leur vision du monde, modifier leurs tenues, leurs relations aux autres, leur standard et vie et jusqu'à leur manière de penser.
Ce n’était pas au programme, mais quand la violence commence, plus personne ne peut la contrôler. Plein de braves gens rêvent de violence sélective. De la foudre qui frapperait exclusivement les méchants et épargnerait tous les autres. La frappe chirurgicale comme disait Bush. C’est hélas juste une vue de l’esprit. Quand la tuerie commence, elle n’épargne personne.
Plus tard, quand Coca Cola, Fanta, 7up et Pepsi ont débarqué sur le marché, ils balayèrent les petites marques locales dans la semaine. Le consommateur achetait américain plus par idéologie que par goût. Ces nouvelles marques nous respectaient. On pouvait en acheter autant qu’on voulait tout en gardant notre dignité. Plus d’épicier qui décide s’il veut vendre ou pas. Et, pour toujours, fini le cauchemar des bouteilles en consigne.
Même en Suisse, il y avait des gens qui prenaient des journaux sans les payer ou bien qui payaient une partie de la somme quand ils n’avaient pas de monnaie. Pour cela, il y avait des équipes tournantes qui surveillaient de loin à la recherche de resquilleurs. Cependant, le système marchait parce que le nombre de personnes honnêtes était écrasant comparé aux personnes qui trichaient.