Il n’y a pas de maison particulière qui ne possède quelque instrument ; la musique est considérée comme la compagne obligée de l’homme à tous les moments saillants de son existence; elle est surtout l’amie fidèle de la femme et la dot de la plus humble fiancée comprend le Koto à 13 cordes et le Samhin.
Les Nô enfin constituent dans le théâtre japonais la partie essentiellement classique. Ce sont des drames en musique, d’un caractère religieux très prononcé et qui se divisent en plusieurs parties : la première est une invocation à la protection divine et elle a pour objet de concilier au pays le secours des Dieux bienfaisants; la seconde au contraire exécutée par des hommes armés sous les masques les plus effrayants est destinée à épouvanter les mauvais génies. Le reste de la pièce est consacré à représenter tout ce que l’univers peut offrir de plus beau et de plus gracieux à l'homme que les deux premières parties ont mis en règle avec la Divinité.
Nous ne savons rien ou presque rien touchant l’art musical chez ces peuples et notamment au Japon; c’est à peine si nous possédons quelques données sur leur système de notation et sur les instruments dont ils font usage.
Cette ignorance est d’autant plus regrettable que la musique, au Japon aussi bien qu’en Chine, est l’un des facteurs les plus considérables de la civilisation; elle joue le premier- rôle dans les manifestations publiques de la vie religieuse et sociale; elle est le plus bel ornement de toutes les fêtes de la vie privée.
Les musiciens au Japon sont organisés en corporations très inégales en dignité. Les unes, investies en quelque sorte d’un caractère public, se réunissent à des époques fixées par leurs règlements, pour figurer dans les grandes cérémonies religieuses ou profanes. Les autres plus humbles se vouent au service des particuliers, moyennant une rétribution proportionnée à leur réputation ou à l’habileté personnelle de leurs membres.
Quand nous voyons un Japonais, insensible du reste aux chefs-d’oeuvre de Bellini et de Rossini, s’attendrir jusqu’aux larmes en entendant les mélodies de son pays, il nous faut bien y reconnaître l’influence vraie et légitime de l’harmonie, tout incapables que nous soyons de nous y associer.
La Musique est un art qui ressort du sentiment plutôt que de l’intelligence; elle subit chez tous les peuples l’influence du climat, des traditions, des lois, de la religion et des coutumes; mais elle se reconnaît partout à ses effets qui sont partout les mêmes.