Alexandra Lanoix

Budapest est merveilleuse pendant la nuit. Cela donne l’impression de vivre au temps des tsars, d’un empire lointain. D’être invité dans une autre époque, ne plus penser à rien qu’à des frivolités, des valses, des intrigues élaborées lors de rendez-vous secrets.J’aimerais que tout se résume à ça parfois, à pas grand-chose, mais ce n’est pas le cas. Ma vie a commencé au moment où Nikolai m’a repêchée avant que je ne me noie. Avant ça, avant lui, je ne me souviens plus de rien. Le choc thermique a provoqué une perte de mémoire totale. Le médecin m’a dit que cela pouvait revenir n’importe quand, comme pas du tout.Cette brûlure sur le front me rappelle sans cesse l’accident. Je la dissimule avec une mèche de cheveux, je ne veux pas qu’on la remarque, je n’ai pas envie de la voir. D’où je viens, qui j’étais, ce sont des questions qui resteront sans réponses, je me suis résignée et je compose avec ma vie d’aujourd’hui, celle qu’il m’a offerte.