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Citation de Gwen21


Quoique M. de Montgiroux fût de ceux dont, à la chambre des pairs, on ne dit rien, par la raison toute simple qu’ils n’y disent rien, cependant, qu’on ne s’y trompe pas, ce silence n’avait pas pour motif une impuissance parlementaire, mais purement et simplement un calcul d’égoïsme. On a dit : « Les paroles passent, les écrits restent. » On s’est trompé, ou plutôt le proverbe avait pris naissance en France avant l’établissement du gouvernement constitutionnel. Rien, au contraire, ne reste mieux aujourd’hui que les paroles, si légères qu’elles soient ; car les paroles se sténographient à cent mille exemplaires, se classent, se mettent en réserve, et reparaissent au bout d’un an, de deux ans, de dix ans, comme ces héros des anciennes tragédies que l’on croyait morts, et qui sortent tout à coup de leurs tombeaux pour faire pâlir ceux qui les avaient oubliés. Or, c’était pour cette raison et non pour une autre, que le comte de Montgiroux ne parlait jamais, à la tribune s’entend ; car partout ailleurs on lui reconnaissait, au contraire, cette élocution facile de nos hommes d’État, qui consiste à laisser tomber de leurs lèvres un flux de paroles tièdes qui seraient de l’éloquence si de temps en temps elles bouillonnaient contre un raisonnement ou se précipitaient du haut d’une idée. D’ailleurs, homme souple par courtoisie autant que par prudence, le comte de Montgiroux avait trouvé commode et peut-être avantageux de ne jamais se poser en obstacle, d’être de toutes les majorités, de vivre en paix avec tout le monde.
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