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Citation de Pseudo


[...] Jean fut fort désolé lorsqu'il entendit ces paroles ; car il se dit alors tristement à lui-même : "Voilà que j'ai perdu le temps et la peine que je croyais avoir si bien employés lorsque j'espérais avoir converti ce malheureux Abraham ; car s'il a le malheur d'aller comme il le dit, à la cour de Rome, et d'y voir la vie scélérate qu'y mènent les gens d'Eglise, au lieu de se faire chrétien, de juif qu'il est, il se ferait bien plutôt juif s'il était chrétien."

[...]

[...] Cependant Abraham monta à cheval, et, du meilleur train qu'il put, s'achemina vers Rome, où étant enfin arrivé il fut merveilleusement reçu par ses coreligionnaires : et là, s'étant arrêté un assez long temps, il commença d'étudier les façons de faire du pape, des cardinaux, des autres prélats et de toute la cour. Mais, à son grand étonnement, tant par ce qui se passa sous ses yeux que par ce qu'on lui raconta, il trouva que, depuis le pape jusqu'au dernier sacristain de Saint-Pierre, tous commettaient de la manière la plus déshonnête du monde le pêché de la luxure ; et cela sans aucun frein, remords, ni honte : de sorte que les belles filles et les beaux jeunes gens avaient pouvoir d'obtenir toutes les grâces et toutes les faveurs. Et, en outre de cette luxure à laquelle ils s'adonnaient si publiquement, il vit qu'ils étaient gourmands et buveurs ; et cela à tel point, qu'ils se faisaient plus esclaves de leur ventre que ne le sont les animaux les plus gloutons. Et lorsqu'il regarda encore plus avant, il découvrit qu'ils étaient si avares et si cupides d'argent, qu'ils vendaient et achetaient à deniers comptant le sang humain et les choses divines, et cela moins consciencieusement encore qu'on ne faisait à Paris des draps et d'autres marchandises.

Pages 365-367
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