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Critiques de Alexandre Wolkonski (1)
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Ukraine : la vérité historique

L'auteur, le prince Volkonski, écrit ici un plaidoyer en faveur d'une Russie une et indivisible. Publié en 1922, cet ouvrage est une réponse à l'indépendance de l'Ukraine suite au traité de Varsovie du 22 avril 1920. Alexandre Volkonski est issu de la dynastie des Rurikides et entend démontrer que la propagande « ukrainophile », relayée par les occidentaux, est basée sur un mensonge.



En effet, pour le Prince Volkonski, l'idée d'une indépendance de l'Ukraine est avant tout mise en avant par les austro-allemands qui, depuis le XIXe siècle, souhaitent arracher à l'ensemble russe sa partie méridionale dans le but d'instaurer le vieil adage du « diviser pour mieux régner ».



Alexandre Volkonski met en opposition l'historien russe Vassili Klioutchevski et le séparatiste Hrouszewski. Ce dernier développe l'idée de la séparation de l'ethnogenèse et du vecteur des peuples ukrainiens et russes dans le but de justifier une nouvelle entité politique, l'Ukraine.



Pour convaincre son lectorat que les Russes et les Ukrainiens ne sont qu'un même peuple, Volkonski avance plusieurs arguments et tente de démontrer point par point que les arguments des « ukrainophiles » sont fallacieux. Il revient donc sur la notion même du mot « Ukraine » qui signifie « terre de bordure ». Jusqu'au XIV-XVe il n'est pas fait mention de l'Ukraine dans les écrits, ce qui semble normal puisque Kiev était alors le coeur de la Russie. En 988 on parle du baptême Rus' à Kiev, des Russes donc. Au XIe siècle, on parle fréquemment de « terre russe », qui désigne un ensemble. Si les séparatistes se basent sur les mots « Ruthènes » ou « Ukrainiens » pour désigner le peuple primitif d'Ukraine, ces mots n'ont jamais été mentionnés dans les écrits. L'auteur admet toutefois une différence de désignation : les Petits-Russes désignant la partie méridionale et les Grands-Russes désignant la Russie de Moscou. Nullement péjoratif, ces termes ont avant tout une connotation géographique (due au reflux des populations aux XII-XIVe siècles) et les Petits-Russes sont une branche de l'arbre russe.



Concernant la langue ukrainienne, il y a un rejet de 3 lettres de l'alphabet russe et l'ajout de 2 autres lettres ainsi que des nouveaux mots polonais ou allemands. Le petit-russien existait depuis plusieurs siècles en tant que dialecte et non comme une langue. Il devient une langue à partir de 1906, suite à un vote (très serré) de l'Académie des langues russes. L'auteur note qu'un seul homme, le poète Chevtchenko a alors écrit en petit-russien et que le plus grand petit-russe, Gogol, a écrit… en russe.



Bien sûr, le prince revient tout au long de son ouvrage sur l'histoire du pays afin de démontrer que les ukrainiens et les russes ne forment qu'un seul peuple. En 1169, la prise de Kiev par le prince André 1er Bogolioubski symbolise pour les séparatistes la domination étrangère. Or, on nous montre ici qu'il s'agit du même peuple, tous les princes appartenant à la famille de Rurik. L'auteur analyse le déclin graduel de Kiev a la mort de Iaroslav 1er, l'importance du joug polonais et lituanien... Pour les « ukrainophiles », l'Ukraine fut indépendante au XVIe et XVIIe siècle, or elle est pendant cette période sous le joug polonais. Selon l'auteur, en réalité, la branche petite-russienne n'a jamais été indépendante.



Les églises, l'art, étaient d'influence byzantine partout. Pour Volkonski : "L'art ukrainien en tant que tel n'existe pas".



Le gouvernement se désigne comme ukrainien en 1912. Dès lors, la langue littéraire russe ou lire un livre russe devient un acte de haute trahison. Toutefois l'auteur note que la Russie a aussi contribué au séparatisme, notamment avec le bolchevisme. Les régions frontalières sont alors obligées de renier la Russie pour s'en préserver. Mais pour Volkonski, il ne s'agit pas là de la vraie Russie. Si le 20 novembre 1917 la Rada ukrainienne souhaite une fédération avec la Russie, la prise de Kiev par les bolcheviques en 1918 a pour conséquence la volonté d'une indépendance complète.



Pour conclure, ce livre est clairement un éloge d'une Russie unifiée et il serait trop long de revenir sur tous les points énoncés par Volkonski. Qui dit éloge dit aussi partialité du discours : il s'agit du point de vue d'un aristocrate russe en 1922. En tout cas, on sent bien que le prince est ému par la désintégration de son pays et souhaite répondre, avec toute son érudition, aux arguments des séparatistes ukrainiens. Il s'insurge contre les propos de Petlioura pour qui "les moscovites sont les ennemis séculaires des ukrainiens". La préface de Jean-Pierre Arrignon donne une analyse très intéressante du texte qui suit. Ecrit en 1922, ce livre nous éclaire, en partie, sur des enjeux toujours actuels.



Une phrase résume la pensée de l'auteur : "L'heure sonna au XIIe siècle et les enfants dépassèrent la taille de leur mère, mais ils n'en étaient pas moins ses enfants et ils ne l'oublièrent jamais, quoique parfois ils la traitassent sans tendresse. Une domination étrangère pour Kiev aurait été celle des Tartares ou de la Pologne, et non celle de Moscou".

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