C’est la première, et très probablement la dernière fois que je prends la plume, du moins pour ce qui concerne la rédaction d’un chapitre de mes Mémoires. D’autres s’en sont chargés pour moi. Pourquoi, alors, cette subite démangeai-son d’écriture, ce besoin irrépressible de tracer à mon tour les contours fanés d’un passé irrévocablement mort ? Je ne vois qu’une explication possible : l’âge que j’atteins. S’il est loin d’être canonique (j’ai toujours le jarret vif, et mon droit n’a jamais été aussi percutant), il m’incline à regarder derrière moi, non par nostalgie, mais par curiosité, par désir, presque, d’anticiper.