3. « L'argument de la fraude fait prospérer une culture de la méfiance qui consiste à détourner de leur sens toutes les pratiques sociales et matrimoniales des migrants. Jusqu'alors, le souhait d'un étranger d'obtenir pour ses enfants la nationalité française était considéré comme le gage d'une "bonne volonté" d'assimilation ; il apparaît désormais aux yeux des hauts fonctionnaires comme la tentative d'usurper un droit. De même, l'augmentation du nombre de mariages entre Français et étrangers, longtemps considéré comme un "indicateur d'intégration", est maintenant présentée comme le signe d'un regain des "mariages blancs". Cette rhétorique du soupçon élaborée par les acteurs politiques et largement relayée dans le champ médiatique n'est pas restée sans écho dans les préfectures, les bureaux de main-d’œuvre étrangère et encore moins dans les services de visas. » (p. 54)