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Citation de PiertyM


VALENTIN.
J’avais seize ans, et je sortais du collège, quand une belle
dame de notre connaissance me distingua pour la première fois.
À cet âge-là, peut-on savoir ce qui est innocent ou criminel ?
J’étais un soir chez ma maîtresse, au coin du feu, son mari en
tiers. Le mari se lève et dit qu’il va sortir. À ce mot, un regard
rapide échangé entre ma belle et moi me fait bondir le coeur de
joie : nous allions être seuls ! Je me retourne, et vois le pauvre
homme mettant ses gants. Ils étaient en daim de couleur verdâtre,
trop larges, et décousus au pouce. Tandis qu’il y enfonçait
ses mains, debout au milieu de la chambre, un imperceptible
sourire passa sur le coin des lèvres de la femme, et dessina
comme une ombre légère les deux fossettes de ses joues. L’oeil
d’un amant voit seul de tels sourires, car on les sent plus qu’on
ne les voit. Celui-ci m’alla jusqu’à l’âme, et je l’avalai comme un
sorbet. Mais, par une bizarrerie étrange, le souvenir de ce moment
de délices se lia invinciblement dans ma tête à celui de
deux grosses mains rouges se débattant dans des gants verdâtres
; et je ne sais ce que ces mains, dans leur opération
confiante, avaient de triste et de piteux, mais je n’y ai jamais
pensé depuis sans que le féminin sourire vînt me chatouiller le
coin des lèvres, et j’ai juré que jamais femme au monde ne me
ganterait de ces gants-là.
VAN BUCK.
C’est-à-dire qu’en franc libertin, tu doutes de la vertu des
femmes, et que tu as peur que les autres te rendent le mal que tu
leur as fait.
VALENTIN.
Vous l’avez dit : j’ai peur du diable, et je ne veux pas être
ganté.
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