Pourtant, ton nom, je l’adore. Je te le dirai demain, quand tu viendras. C’est formidable comme il me fait voyager, ton nom. Isor, à mi-chemin entre Isidore et Igor. Isidore de Séville, c’est Carthagène, c’est l’évêque de cette Espagne wisigothe du VIe siècle qui a écrit Les Étymologies. C’est l’Andalousie des premiers siècles du christianisme, et le Guadalquivir qui serpente depuis Cordoue et qu’ont peut-être remonté les Maures. Tout à l’inverse, à l’autre bout du spectre de ton nom, il y a l’hiver russe et ses vents glacés comme des coups de poignard. Un de ces noms du Michel Strogoff que je lisais enfant, et le périple de Moscou à Irkoutsk, capitale de la Sibérie orientale, pour avertir le tsar que les hordes de barbares déferlent. La force russe, la tragédie et la rage face aux envahisseurs – tout cela dans tes yeux grands ouverts.
Mon Isor, assurément ton nom était pour toi, un nom émaillé de vaillance ancienne, patiné de sagesse disparue.