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Citation de PASCALINE80


...Il n'y avait pas de haine de l'ennemi. La connaissance est le prélude de la haine, et ils ne connaissaient pas l'ennemi. Ils le maudissaient, le respectaient, le craignaient et le tuaient s'ils le pouvaient ; s'ils ne le faisaient pas, ce serait lui qui les tuerait. Les hommes ne se voyaient pas non plus comme se battant pour le roi et le pays ; ils comprenaient la nécessité de la guerre, mais refusaient de camoufler cette nécessité sous un ardent patriotisme simulé ; ils faisaient simplement ce qu'on leur ordonnait, car s'ils ne le faisaient pas, ils seraient collés contre un mur et fusillés. L'amour des parents, oui, il comptait, mais pas beaucoup. Il était naturel de vouloir protéger les siens ; mais c'était là une équation dont la valeur variait avec le facteur de la distance. Il était un peu difficile pour un homme blotti dans la niche couverte de glace de son Oerlikon, au large des rives de l'île aux Ours, de se figurer qu'il protégeait ce cottage couvert de roses, dans les Cotswold... Mais quant au reste, les haines nationales synthétiques et le mythe soigneusement entretenu du roi et du pays, ils ne sont rien lorsque l'homme se trouve à la dernière minute de l'espoir et de la résistance ; car seules les simples émotions humaines fondamentales, les sentiments positifs que sont l'amour, le chagrin, la pitié et la détresse peuvent faire franchir à l'homme cette dernière limite.
(pages 307-308)
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