[...] ... - "Mes frères," dit-il, "vous me croirez si vous voulez ; l'autre nuit, je me suis trouvé, je me suis trouvé, moi, misérable pécheur, à la porte du Paradis.
"Je frappai : Saint Pierre m'ouvrit !
" - "Tiens ! C'est vous, mon brave Monsieur Martin," me fit-il, "quel bon vent ? ... Et qu'y a-t-il pour votre service ?
- "Beau Saint Pierre, vous qui tenez le Grand Livre et la Clef, pourriez-vous me dire, si je ne suis pas trop curieux, combien vous avez de Cucugnanais en Paradis ?
- "Je n'ai rien à vous refuser, Monsieur Martin ; asseyez-vous, nous allons voir la chose ensemble."
"Et Saint Pierre prit son gros Livre, l'ouvrit, mit ses bésicles :
- "Voyons un peu : Cucugnan, disons-nous. Cu ... Cu ... Cucugnan. Nous y sommes. Cucugnan ... Mon brave Monsieur Martin, la page est toute blanche. Pas une âme ... Pas plus de Cucugnanais que d'arêtes dans une dinde.
- Comment ! Personne de Cucugnan, ici ? Personne ? Ce n'est pas possible ! Regardez mieux ...
- Personne, saint homme. Regardez vous-même si vous croyez que je plaisante."
"Moi, pécaïre ! je frappais des pieds et, les mains jointes, je criais miséricorde. Alors, Saint Pierre :
- "Croyez-moi, Monsieur Martin, il ne faut pas vous mettre ainsi le cœur à l'envers, car vous pourriez en avoir un mauvais coup de sang. Ce n'est pas votre faute, après tout. Vos Cucugnanais, doivent faire à coup sûr leur petite quarantaine au Purgatoire.
- Ah ! Par charité, grand Saint Pierre ! Faites que je puisse au moins les voir et les consoler.
- Volontiers, mon ami ... ... [...]