AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Bibliographie de Amar Annus   (5)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Ninurta est le défenseur de l'ordre divin du monde ; il est le dieu de la guerre, de l'agriculture et de la sagesse. Le point de jonction entre ces rôles apparemment contradictoires est l'institution de la monarchie que Ninurta personnifie, et la destinée qu'il décrète pour le roi mortel. En tant que fils du dieu qui symbolise la domination politique en Mésopotamie, Enlil, et de sa parèdre Ninlil, il est doté par son père d'une royauté éternelle après ses combats victorieux contre les forces du chaos. Ninurta est le sauveur céleste, le prince héritier d'En-Haut qui, après sa victoire sur les forces jalouses, rejoint son père et devient le prototype divin du roi. On attend de lui qu'il donne au roi terrestre, son icône ou son incarnation, ce rôle victorieux. Il est donc l'intermédiaire entre les rois et les hommes, le haut et le bas. Ninurta en tant que roi est responsable de la gestion correcte et heureuse de plusieurs aspects de la politique et de la nature. On a besoin de son aide quand l'ordre cosmique est déséquilibré, et, parmi les dieux, il est le seul capable de restaurer l'harmonie. La restauration est considérée comme une "création nouvelle" qui ouvre une nouvelle ère. Il faut pour cela non seulement de la force physique, mais aussi un pouvoir intellectuel, et donc Ninurta est un dieu de la sagesse, proverbialement connu pour sa rapidité d'intervention et de pensée. On a conservé plusieurs mythes où Ninurta vainc les ennemis de l'ordre cosmique. Parfois ils sont présentés sous la forme d'une liste de onze monstres. En les vainquant, Ninurta libère les pouvoirs emprisonnés ou tenus captifs par ces forces du chaos. Donc, de cette victoire, le chaos peut régner, mais seulement pour un temps limité. Ensuite, des bénédictions générales pleuvent sur le Pays, la fertilité en agriculture, dans la famille, la guérison des maladies et "la résurrection des morts". La mythologie de Ninurta est abondamment utilisée dans les rituels royaux.

p. 5
Commenter  J’apprécie          100
(Sur le poème épique "Enmerkar et le seigneur d'Aratta")
Beaucoup d'éléments mythiques de cette épopée concernent les commencements de la civilisation, la création de certains procédés technologiques et agricoles, ainsi que le commerce à longue distance. "Enmerkar et le Seigneur d'Aratta" se sert de la tradition historique sumérienne qui ne connaissait pas de période antédiluvienne. L'épopée contient un récit rétrospectif de la résurrection de l'humanité par Inanna, après le déluge. Donc, la civilisation ne vint à Sumer qu'après le Déluge, comme Inanna elle-même :

"Après que le Déluge eut tout balayé, Inanna, la Dame de tous les pays, à cause de son grand amour pour Dumuzi, répandit l'eau de la vie sur ceux qui avaient fait face au Déluge, et elle leur soumit le Pays." (ETCSL 1.8.2.3, v. 572-576).

L'épopée raconte aussi les efforts d'Enmerkar pour installer Inanna, résidant au ciel, dans sa ville d'Uruk.

p. 32
Commenter  J’apprécie          100
A un certain moment de son voyage, l'âme était jugée par les déités du monde inférieur, comprenant Shamash et Gilgamesh. Dans "L'épopée de Gilgamesh" le héros franchit la frontière entre la vie et la mort en traversant "les eaux de la mort", et après sa propre mort il devient maître et juge du monde inférieur. Donc, chaque esprit, au moment de la mort, partait pour un voyage similaire à celui de Gilgamesh afin d'atteindre ce monde et de le rencontrer en tant que juge. Gilgamesh est un des seigneurs du monde inférieur, ou "Roi de l'au-delà", parfois antique déité chtonienne. Il y siège sur son trône, prononce des jugements et des verdicts.

Par exemple, le texte assyrien KAR 227 décrit le rituel par lequel on prononce des prières au dieu soleil Shamash, à Gilgamesh comme juge et nocher des morts, et à d'autres déités souterraines, afin de condamner les êtres démoniaques à rester dans le monde souterrain. Dans le rituel, les images des sorciers étaient plongées dans une fosse d'argile au bord de la rivière. Ces images coulant dans l'eau symbolisaient le transfert vers le monde inférieur, identique à celui des morts traversant la rivière Hubur. Dans d'autres textes, les sorcières sont accusées d'avoir confié leur client à Gilgamesh afin qu'il le conduise au-delà de la rivière Hubur. Le royaume aquatique voisin de l'Apsû était parfois considéré aussi comme un monde inférieur habité d'esprits malveillants. La confusion de l'Apsû et de la rivière Hubur montre que les eaux entourant la terre ne cessaient de menacer le cosmos avec leurs habitants démoniaques, mais marquaient aussi la frontière du monde humain.

pp. 45-16
Commenter  J’apprécie          90
De plus, beaucoup d'éléments dans l'art divinatoire (âshipûtu) étaient symboliquement liés à l'histoire du déluge en tant qu'acte d'assainissement divin. La technique de l'exorciste concernait principalement la purification par l'eau ou le feu, pour nettoyer toutes sortes de maux : sorcellerie, intrusions démoniaques, maladie, péché et souillure. La lutte de l'humanité contre le déluge était une sorte de bataille cosmique associée aux triomphes des dieux guerriers sur les forces du mal, comme celui de Marduk sur Tiamat. L'histoire du déluge était liée à la mort et à la renaissance de l'humanité, et l'espace à l'intérieur de l'arche ou du navire était l'équivalent symbolique de la matrice. A la différence des autres histoires du Déluge de Mésopotamie ancienne, le bateau d'Adapa est renversé et coulé au fond du Golfe Persique, où Adapa passe sept jours enfermé avant que le dieu Ea ne le touche et ne l'éveille. Cette période critique entre la vie et la mort était le symbole des maladies, des naissances difficiles, de la sorcellerie, des mauvais présages, du péché, de l'emprisonnement, que l'exorciste était capable de contrer par son art. Le déluge était aussi le symbole de l'ordalie par l'eau et du procès, pour lesquels l'aide de l'exorciste était requise. Comme Adapa avait été sauvé du désastre, l'exorciste humain, qui l'incarnait, possédait les pouvoirs du Déluge lui-même en manipulant les substances purificatrices et en récitant les incantations contre tous les malheurs évoqués plus haut.

pp. 16-17
Commenter  J’apprécie          90
Amar Annus
On peut considérer les divers récits d'histoire antédiluvienne dans les sources mésopotamiennes et juives, comme les résultats de débats anciens. Non seulement on pratiqua des emprunts directs, mais on se livra à des réinterprétations créatives, surtout du côté juif. Certaines réinterprétations ont été des inversions délibérées de la tradition mésopotamienne. Comme plus tard, les auteurs de la mythologie gnostique adaptèrent leurs mythes de la Bible hébraïque, mais sous la forme polémique d'une "exégèse de protestation", de même les auteurs juifs inversèrent les traditions intellectuelles mésopotamiennes afin de démontrer leur propre supériorité culturelle. Ici, on décrira un phénomène similaire : comment les auteurs juifs discréditèrent les Sages mésopotamiens primordiaux (apkallu en akkadien) en faisant d'eux les Guetteurs et les Nephilim, membres de leur histoire nationale. Ainsi les Sages mésopotamiens des premiers âges devinrent les éducateurs illégitimes et mauvais de l'humanité.
Commenter  J’apprécie          80
La littérature mésopotamienne d'exorcisme emploie beaucoup d'images de la naissance et de la renaissance, au sens littéral ou métaphorique. L'exhortation "sors et vois la lumière !" est très commune dans les incantations magiques de naissance. Le rôle de Marduk en tant que juge divin dans l'hymne cité ci-dessus est aussi celui de la sage-femme, car lui aussi, il fait sortir des corps qui naissent. Marduk était le patron des femmes en couches, sa miséricorde proverbiale se manifestait en faveur du prisonnier innocent et de l'enfant à naître. C'est cohérent avec la comparaison de la colère de Marduk avec un déluge, car la métaphore du déluge était étroitement associée aux dangers de l'accouchement. L'image poétique dans l'épopée de Gilgamesh évoque cette figure de l'enfantement à la fin du grand orage, le septième jour : "La mer se calma, elle qui avait lutté comme une femme en travail" (XI 132). On retrouve cela dans un cycle de sorts magiques mésopotamiens où l'image d'un bateau pris dans une mer déchaînée rappelle le bébé à naître dans le fluide amniotique. Dans ce passage de Gilgamesh, l'arche contenant toute la semence de la vie est comparé au foetus, et son voyage vers la sécurité est rejoué à chaque naissance d'un enfant. En ce sens, la nouvelle naissance de l'humanité et de chaque individu sont métaphoriquement associées.

p. 51
Commenter  J’apprécie          60
On doit supposer que toutes les histoires sur Adapa et Gilgamesh se racontaient en Mésopotamie dans le cadre du folklore populaire. Même au niveau littéraire, on voit clairement qu'il existait plusieurs histoires sumériennes sur Bilgames, qui furent assez librement incluses dans la version en Babylonien Standard. De plus, on connaît des tablettes cunéiformes de l'Epopée de Gilgamesh en akkadien, qui ne cadrent pas du tout avec l'intrigue de la version standard. Donc, les histoires de sages et de héros humains ont dû circuler à l'oral dans de nombreuses versions variées en Mésopotamie antique. Les conteurs combinaient les motifs populaires dans toutes sortes d'histoires distrayantes, selon les attentes de leur public. La variation est la règle. On utilisait la forme standard de l'épopée pour la formation des scribes, et elle était déjà une révision et une compilation faite à partir d'une masse de récits et de motifs sur le roi ou le héros en quête d'immortalité. Ces histoires orales, oralement transmises, sont à l'origine des ressemblances que l'on trouve dans les sources arabes et juives postérieures. On a correctement identifié le grand sage du folklore islamique, al-Khidr, "l'Homme Vert", à un personnage descendu du survivant mésopotamien du Déluge Atra-Hasis ou Uta-Napishti.

p. 97
Commenter  J’apprécie          60
Le façonnage des briques à partir de l'argile tenait une place fondamentale dans la conception mésopotamienne de la naissance et de la vie. La Brique Pure de la Naissance était le symbole de la déesse Nintur, qui présidait aux accouchements, rôle que lui confie Enki dans le mythe sumérien d'"Enki et l'ordre du monde". La brique de terre crue était assimilée au placenta, les textes littéraires jouant sur les mots "entrailles, matrice" (libbu) et "brique" (libittu). Selon l'expression iranienne, la vie se déroule "az khist to khist" (de la brique à la brique, "from womb to tomb"). Les briques que l'on n'utilisait plus revenaient à la rivière, qui est métaphoriquement la matrice de la fosse d'argile ; la boucle est bouclée. L'antique sage Adapa, comme l'artisan Kulla, jouaient le même rôle comme êtres primordiaux, associés à la naissance du cosmos et de l'humanité. Après que sa mission était accomplie, Oannès retournait à la mer, dans le récit de Bérose. Quand le temple était construit, le dieu-brique Kulla était placé dans une barque et abandonné à la rivière pour revenir à l'Apsû (gouffre marin primordial), afin de laisser la place à la nouvelle génération et à un nouveau cycle de vie.

pp. 54-55
Commenter  J’apprécie          60
Habituellement, les dieux ne parlent jamais aux simples mortels en Mésopotamie ; il ne parlent qu'aux rois. Dans les textes mythologiques sumériens, s'il arrive qu'une divinité rencontre une personne de statut inconnu, le dieu introduit son discours en disant : "Si tu es un dieu, parlons ensemble ; si tu es un homme, je te prescrirai ta destinée." (...) Quand Enlil rencontre les rois, il les traite en humains. Mais après la rencontre, le mortel a acquis une dimension nouvelle et extraordinaire.

p. 22
Commenter  J’apprécie          60
Pendant la période akkadienne, on observe une tendance à déifier le roi. Les rois de la dynastie de Sargon étaient d'héroïques soldats et leur autorité royale reposait sur leurs exploits guerriers. Mais Naram-Sin tenta de modifier les antiques traditions royales sumériennes, et son pire crime, de l'opinion des prêtres de (la ville sainte de) Nippour, fut de rechercher la divinisation en se passant de l'approbation de Nippour et de ses instances sacrées. Il aurait fallu, pour que ce soit légitime, accomplir le rituel solennel de la "fixation des destins du roi" à Nippour et la transmission des insignes royaux de pouvoir de Nirnurta au roi. Au lieu de quoi, nous lisons dans "La malédiction d'Akkad" (57) que "le verdict venant de l'Ekur (temple du dieu suprême Enlil à Nippour) fut inquiétant" (me-gin7 ba-an-gar).

Dans une inscription, Naram-Sin parle d'une statue d'or érigée à l'honneur de sa royauté éternelle et de ses victoires éclatantes. Nous voyons ici comment le roi s'empare des attributs de Ninurta : il est le victorieux, et il affirme avoir reçu la royauté éternelle. Naram-Sin négligea son devoir d'apporter des offrandes au temple d'Enlil à Nippour et tenta d'éliminer la ville d'Enlil et ses prescriptions. Pour la première fois, un roi réel remplace le dieu Ninurta.

Pour résumer, selon la conception sumérienne traditionnelle, la royauté est transmise par une ligne allant d'Enlil à Ninurta et de Ninurta au roi. Ninurta, en vertu de ses pouvoirs comme fils aîné d'Enlil, est le Roi Eternel selon cette idéologie. La royauté humaine est transitoire et changeante, selon cette idéologie. Cette conception évolue pendant la période d'Ur III : on donne alors au roi la royauté éternelle ou l'allongement de ses années de règne - bala - le statut du roi rejoignant celui des dieux. Il est aussi intéressant de noter que dans les textes sumériens, le mot /bala/ au sens de "époque d'un règne" n'est jamais utilisé ; le mot n'est employé qu'au sens du verbe /bal/, changer, transférer. La royauté était considérée comme temporaire.

pp. 16-17
Commenter  J’apprécie          40

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Amar Annus (2)Voir plus

Quiz Voir plus

Cabot-Caboche

Comment s'appelle le chiot ?

Médor
Le chien
Casper
Kira

8 questions
3 lecteurs ont répondu
Thème : Cabot-Caboche (BD) de Grégory PanaccioneCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}