Amédée Boinet

Saint-Merry :
Au milieu du VIIe siècle, s'élevait, dans les bois situés au nord de la Seine, une petite chapelle dédiée à saint Pierre, auprès de laquelle s'arrêta saint Merry, abbé de Saint-Martin d'Autun, lorsqu'il vint à paris, avec son disciple saint Frou ou Frodulphe, pour aller faire ses dévotions aux tombeaux de saint Germain, de saint Denis et de sainte Geneviève. C'est dans une cellule voisine de cet oratoire que le vénérable religieux vécut pendant trois ans. Il y mourut vers l'an 700 et son corps fut inhumé dans la chapelle Saint-Pierre. Dès cette époque, cette région devait être un centre d'habitation plus ou moins important, car autour de l'église actuelle on a retrouvé les vestiges d'un cimetière mérovingien.
A la fin du IXe siècle, Eudes le Fauconnier, un des défenseurs les plus héroïques de Paris au moment des attaques des Normands, fonda la première église qui reçut, avec le vocable de Saint-Pierre, celui de Saint-Merry. On y transporta le corps du célèbre abbé, auquel on attribuait de nombreux miracles. Quand on démolit l'édifice au XVIe siècle, on découvrit dans un cercueil de pierre les restes du fondateur dont les jambes étaient encore chaussées de bottines en cuir doré. Ils furent remis en terre au milieu du choeur et la place en fut marquée par un carreau de marbre blanc, sur lequel on regrava l'ancienne inscription latine, encore visible.

La cathédrale s'enrichit au XVIIe siècle d'un nombre assez considérable d'oeuvres de sculpture dues à un artiste amiénois extrêmement fécond et qui connut une grande célébrité, à savoir Nicolas Blassel ou Blasset (1600-1659). Il fut tout à la fois maçon, plombier, architecte, dessinateur et sculpteur, mais c'est en cette dernière qualité qu'il est le plus connu. C'est un bon artiste de second ordre, dosé de certaines qualités, habile surtout à traiter les figures d'enfants et les draperies.

La cathédrale romane fut la proie des flammes un peu avant l'année 1220, vraisemblablement en 1218. Aussitôt après ce désastre, on décida d'élever un monument qui par ses vastes proportions devait dépasser non seulement ceux dont s'enorgueillissaient les cités épiscopales voisines de Paris, Laon, Noyon, Senlis, etc., mais aussi la basilique de Reims, commencée depuis peu.

Comme tant d'autres belles églises du moyen âge, Saint-Etienne de Bourges a eu beaucoup à souffrir des injures du temps et des hommes. Les guerres de religion, le mauvais goût des chanoines du XVIIIe siècle et la Révolution lui ont porté des coups funestes. Les restaurateurs du XIXe siècle commirent à leur tour de lourdes fautes, malheureusement irréparables.

Notre-Dame d'Amiens s'est dressée à l'une des époques les plus admirables de notre histoire. La France exerçait alors un prestige moral et intellectuel sans égal sur les autres peuples de l'Europe qui voyaient déjà en elle le pays chevaleresque par excellence, la terre des idées généreuses, le foyer enfin d'une culture vraiment humaine.

Contrairement à l'usage courant au moyen âge, on commença la construction par la nef et non par le choeur. La raison fut sans doute qu'on voulut conserver, pour le service du chapitre, l'ancienne église Saint-Firmin-le -Confesseur placée derrière l'ancienne cathédrale.