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4.63/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Enfant, Amel Isyès rêvait de devenir enseignante. Ses études l’ont éloignée un temps de cette voie, mais son rêve d’enfant murmurait à son coeur et elle a écouté l’évidence.
Amel Isyès, jeune enseignante sartrouvilloise a publié en Mai 2012 ses deux premiers romans chez les Editions du Jasmin : Chemins de soi, et Semoules de blé dur.
Son métier et ses enfants l’amènent à découvrir la littérature pour la jeunesse. Mais Amel n’écrit pas pour les enfants, elle écrit sur eux. Elle raconte des enfances ignorées, perdues, blessées. Un univers où la parole de l’enfant est souvent indicible. Un univers sombre mais toujours plein d’espoir.

Ses influences : Anthony Browne, Taslima Nasreen, Miyazaki et Marjane Satrapi.

Son blog : http://amelisyes.over-blog.com/

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Source : http://editions-du-jasmin.com/
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Bibliographie de Amel Isyès   (1)Voir plus

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ce fut une enfant âgée de dix ou onze ans qui me fut livrée ce matin-là, l’unique survivante du village ensanglanté. La martyre, notre nouveau symbole, notre souffle. Un renouveau dissimulé dans un corps frêle, naïf et souriant.
D’ordinaire, je ne m’attachais pas à regarder ces victimes, je ne les regardais jamais de peur que leur malheur ne me contamine. Mais les yeux de cette enfant croisèrent les miens. Un instant, une douceur, un chuchotement, une vérité, une évidence. Mon cœur assommé par la peur se réveilla dans une tendre lueur, j’étais désormais vivant.
Les yeux de cette fillette disaient l’espoir. Ils semaient la vie. Ils apportaient joie là où le malheur et la mort gouvernaient. Ils éclairaient la moindre parcelle de terre, la plus petite poussière, ils enchantèrent et parfumèrent soudain le vent. Ses yeux me susurrèrent mon nom oublié. Je redevins Amine el Nisân. Mon cœur fut printemps.
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Amel Isyès
Je viens d’un pays où la parole ne s’entend plus…Je viens d’un pays où les mots ne se prononcent plus…Je viens d’un pays en guerre.

Mes filles ont grandi dans le bruit. Elles ont connu le bruit lointain des sabres et des couteaux, le bruit sourd des canons, le bruit sombre du sang versé, le bruit évident de la vie s’échappant des corps des plus faibles et des plus forts. Ces bruits lointains semblent de plus en plus proches et étranglent nos cœurs.

Nos hommes ne sont plus des hommes. Ils ne font plus vivre leur famille. Ils ne travaillent plus dans les champs. Ils ne descendent plus dans la vallée. Ils ont peur. Nos hommes ont peur.

Leur peur nous a enfermés.

Nous vivons cloîtrés. Nous sommes confinés dans nos maisons, enfermés dans nos murs, étranglés par notre terre.

Nous avons peur de tout. Cette peur ne nous quitte jamais, elle nous berce de jour comme de nuit. Nos visages se ressemblent tous, ils sont asséchés par les larmes, ils sont abîmés par les cris.

Mes filles ne connaissent que le langage de cette peur. Cette peur a emprisonné leurs corps et ne les a pas laissées grandir.

Je rêve d’un ailleurs, un endroit où le ciel n’est pas aigri par les fumées du sang. Je rêve du silence de la pluie. Je rêve de la mélodie du vent. Je rêve d’une utopie.

Je n’ai jamais voyagé, je ne suis allée nulle part. Je ne connais que mon village. J’y suis née, j’y ai grandi, je m’y suis mariée.

Je ne suis pas cultivée. Je n’ai jamais été à l’école mais je sais rêver, je sais raconter, je sais imaginer, croire et espérer. Je sais aussi me souvenir du temps passé. Je sais me souvenir du temps où le soleil n’était pas rouge colère. Je sais me souvenir du temps où la peur n’existait pas.

Chaque soir, je raconte à Nour et Mouna, mes filles, une histoire. Chaque soir, je leur raconte un voyage. Je décris un endroit merveilleux où la vie inonde chaque être. Je raconte nos cœurs réchauffés par le soleil. Je décris un ciel délivré par le chant des oiseaux. Je relate l’odeur délicate des fruits disparus. Je décris la terre arrosée, bercée par mille couleurs. J’invente le nom des fleurs. Je dessine les rires des enfants. J’esquisse le silence perdu du vent.

Chaque soir, je mens, je promets un voyage que nous ne ferons jamais. Chaque mot prononcé tarit mes espoirs. Chaque mot poignarde mon âme. Chaque mot délimite mes rêves. Ces mots charment et enchantent mes filles. Ces mots sont essentiels. Ils protègent mes filles. Ils les emmurent dans l’enfance. Ces mots les libèrent de la réalité. Ces mots les sauvent à jamais.
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Ce texte m'a permis de renouer avec une amie...Une femme forte et fragile comme la petite Nour. Un tout petit livre pour un grand voyage à travers les mots...Des paroles à la fois douces et fortes...Une petite héroïne dont le regard poétique ne me quitte plus.
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