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Citation de kathy


En 1978, le Bangladesh était une rue pleine de gens en train de mourir
Jamais population ne me parut aussi énergique. Tout le monde avait du feu dans les yeux. On crevait avec ardeur. La faim, omniprésente, incendait le sang des Bangladeshis.
Notre maison était un moche bunker où il y avait de la nourriture : luxe suprême.
Les jours des êtres humains avaient pour unique action la lutte contre l'agonie. (...)
J'avais onze ans. Ce n'était pas l'âge de la compassion. Dans ce mouroir géant, je n'éprouvais rien que de l'effroi. J'étais comme une soprano envoyée sur le plus sanglant des champs de bataille et à qui ce spectacle dirait soudain l''incongruité de sa voix, sans que cela le rendît capable de changer de registre. Il valait mieux se taire.
Je me tus. (...)
Sortir dans la rue nous demandait un courage sans précédent : il fallait armer ses yeux, leur préparer un bouclier.
Même prévenu, le regard restait poreux. Je recevais dans l'estomac le direct de ces corps d'une maigreur inconnue, de ces moignons surgissant là où ils étaient inconcevables, de ces plaies, de ces goîtres, de ces oedèmes, mais surtout de cette faim hurlée par tant d'yeux à la fois qu'aucune paupière n'eût pu empêcher de l'entendre.
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