Amin Wardak

Mon père, Gholam Hazrat Khan Wardak, m’a beaucoup marqué ; il avait des qualités exceptionnelles (…) il avait une belle prestance, avec sa barbe blanche et toujours habillé de blanc. Il était très grand et massif – il mesurait près de deux mètres –, se tenait très droit et marchait toujours d’un pas extrêmement déterminé. Il avait une grande autorité – tout en ne disant jamais un mot plus haut que l’autre – et montrait une profonde gentillesse dans ses relations avec tout le monde. C’était un vrai chef, avec beaucoup de sagesse, de lucidité et de clairvoyance, et une grande expérience de la vie.
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Il appartenait à une confrérie soufie ou tariqah : la Qadiriya, fondée par le cheikh Abdoul Qader el-Djilani, l’un des petits-fils du prophète dont descend Gaïlani, l’actuel cheikh de la confrérie.
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Il avait une excellente santé : à soixante-quinze ans, il pouvait encore faire trois cent cinquante kilomètres en six jours, et il a vécu jusqu’à quatre-vingt-douze ans. Il a ainsi participé à la guerre contre les Russes alors qu’il avait plus de soixante-quinze ans.
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Alors que nous avions commencé la guerre contre les communistes, je me rappelle qu’un jour, en me voyant prendre mon fusil, il m’a appelé « qazi ! » (c’est-à-dire « juge ! » : on me surnommait ainsi car, quand j’étais petit, j’avais dit que ce serait mon métier). Il était allongé sur un lit et m’a demandé où j’allais. J’ai dit que j’allais participer à la guerre sainte et me battre contre les communistes. Il m’a demandé de m’asseoir. J’avais environ vingt-neuf ans. Il m’a donné un enseignement : il m’a expliqué que je si je partais au djihad, c’est-à-dire en guerre sainte, je devais respecter les lois et les gens, ne pas tuer d’innocents, ne pas brutaliser les enfants et les femmes, que je ne devais pas me livrer au pillage, que le djihad est une guerre pure. Ensuite, il m’a toujours laissé libre. (pp. 33-37)