Ma grand-mère avait des cheveux blancs dont les vagues houleuses lui donnaient un air coléreux. Elle n'abandonnait presque jamais sa canne de bambou à pommeau d'or, dont pourtant solide comme un cheval elle n'avait aucun besoin. En feuilletant un vieil album, je crois retrouver dans ce visage épais, massif et blanchâtre, dans ces yeux gis bordés d'un cercle bleuâtre, un reflet de Borja et même de moi. Je suppose que Borja a hérité son assurance, son manque absolu de pitié et moi, peut-être, cette grande tristesse.