LES POÉSIES D’ANDRÉ WALTER
I
Il n’y a pas eu de printemps cette année, ma chère ;
Pas de chants sous les fleurs et pas de fleurs légères,
Ni d’Avril, ni de rires et ni de métamorphoses ;
Nous n’aurons pas tressé de guirlandes de roses.
Nous étions penchés à la lueur des lampes
Encore, et sur tous nos bouquins de l’hiver
Quand nous a surpris un soleil de septembre
Rouge et peureux et comme une anémone de mer.
Tu m’as dit : « Tiens ! Voici l’Automne.
Est-ce que nous avons dormi ?
S’il nous faut vivre encore parmi
Ces in-folio, ça va devenir monotone.
Peut-être déjà qu’un printemps
A fui sans que nous l’ayons vu paraître ;
Pour que l’aurore nous parle à temps,
Ouvre les rideaux des fenêtres. »
Il pleuvait. Nous avons ranimé les lampes
Que ce soleil rouge avait fait pâlir
Et nous nous sommes replongés dans l’attente
Du clair printemps qui va venir.
p.9-10