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Citation de Charybde2


L’énorme grue ressemblait au squelette d’un mammouth, les gros tuyaux ressemblaient aux os de quelque animal gigantesque et c’était aussi à des bêtes inconnues et mortes que faisaient penser les camions déformés par la boue dont ils étaient encroûtés. On ne voyait pas un brin d’herbe, le vert était recouvert d’une couche semi-liquide gris sombre, comme si un cloaque à ciel ouvert avait étouffé tout être vivant, des fourmis aux lézards. Dans l’esprit de Montalbano flotta un vers d’une poésie d’Eliot qui s’intitulait justement La Terre désolée et qui disait « là où les morts perdent leurs os ».
– Mais cette canalisation hydraulique, depuis quand ils y besognent ?
– Depuis sept ans, dottore.
– Et comment ça se fait que ça dure depuis si longtemps ?
– C’est passqu’au bout de cinq ans, y a eu un arrêt des travaux du fait que les coûts avaient triplé, comme d’habitude.
– Et ils ont repris après ?
– Oh que oui. Y a eu de nouvelles subventions de la Région. Mais entre-temps, l’eau était plus là.
– Quelle eau ?
– Celle qui aurait dû passer par ce nouveau conduit, c’est-à-dire l’eau du Voltano.
– Et pourquoi le Voltano n’a plus d’eau ?
– C’est pas qu’il a plus d’eau, il lui en manque la quantité nécessaire pour fournir aussi cette canalisation.
– Et comment ça se fait ?
– Ça se fait qu’entre-temps, le Consortium de Caltanisetta a gagné le concours et que c’est lui qui s’est pris l’eau du Voltano.
– Alors, cette canalisation est inutile ?
– Oh que oui.
– Et pourquoi ils continuent à y besogner ?
– Dottore, vous le savez mieux que moi. Passque là, y a déjà des contrats publics, c’est des intérêts économiques qu’il faut respecter, passque sinon ça finit mal.
Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux, au fond, que ça finisse mal une bonne fois pour toutes ?
La causette avec Fazio fut très précisément la classique goutte d’eau qui fait déborder le vase.
– Allons-nous-en.
– Mais, dottore…
– Non, Fazio, si on reste ici, la boue finira par me monter au cerveau. Je tiens pas le coup, ici. Va dire à Catarella de rentrer seul. Toi, accompagne-moi à Marinella.
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