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Citation de Charybde2


Kopionkine alla dans la cour rejoindre son cheval. Ce cheval possédait une complexion massive et était plus propre à transporter des poutres qu’un homme. Accoutumé à son maître et à la guerre civile, le cheval se nourrissait de haies vives, du chaume des toits et se satisfaisait de peu. Cela dit, pour se rassasier il consommait par moments une demi-livre de bois jeune promis à la coupe, puis buvait dans une marre de la steppe. Kopionkine respectait son cheval et l’honorait de la troisième classe : Rosa Luxemburg, la Révolution et ensuite son cheval.
– Salut, Force Prolétarienne ! dit Kopionkine à l’adresse du cheval qui haletait, gavé qu’il était de nourriture grossière. Allons sur la tombe de Rosa Luxemburg !
Kopionkine espérait et croyait que toutes les œuvres et les chemins de sa vie menaient à la tombe de Rosa Luxemburg. Cette espérance réchauffait son cœur et provoquait la nécessité quotidienne d’exploits révolutionnaires. Chaque matin Kopionkine ordonnait à son cheval d’aller vers la tombe de Rosa Luxemburg et sa monture était si faite à ce mot de "Rosa" qu’elle y voyait un cri pour aller de l’avant. Après les sons de ce "Rosa", le cheval se mettait aussitôt à trépigner où que ce fût : marécage, fourrés, abîme des congères neigeuses.
– Rosa-Rosa ! murmurait de temps en temps en chemin Kopionkine et le cheval tendait les forces de son gros corps.
– Rosa ! soupirait Kopionkine et il enviait les nuages qui filaient du côté de l’Allemagne : ils passeraient au-dessus de la tombe de Rosa et de la terre qu’elle avait foulée de ses souliers.
Pour Kopionkine toutes les directions de toutes les routes et de tous les vents couraient vers l’Allemagne ou, dans le cas contraire, faisaient le tour de la terre pour tomber sur la patrie de Rosa.
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