Sun Tzu disait :« Si tu es faible, fais semblant d'être fort ; si tu es fort, fais semblant d'être faible. Tel est le chemin de la victoire. »
l était une fois, pour qui l'ignore, un immense pays : l'Union soviétique.
Une superpuissance.
Alias : URSS, Sovieterie, Soviet-Land, Empire du Mal, Soviet Union, Russia (se lit Râsha).
Au début des années 1970, dans ce pays, le seul moyen qu'avait un jeune citadin diplômé de se faire un tant soit peu d'argent était de s'enrôler dans les grands chantiers du Nord.
D'inépuisables richesses attendaient leur heure dans les terribles déserts du froid, dans la toundra, la taïga. Pétrole, gaz, métaux précieux, diamants et compagnie. Toute la table de Mendeleïev1 se trouvait contenue sous une solide carapace de pierre et de glace. De vaillants géologues en avaient découvert les gisements, et leurs chefs, puis les chefs de leurs chefs, puis les chefs de tous les chefs – les dirigeants du pays – avaient décidé de les extraire coûte que coûte au nom du communisme et du bonheur de l'humanité progressiste.
Il sortit de l’immeuble. Frissonna. Du ciel bas de novembre tombait une eau qui tirait déjà sur la neige. Il regarda autour de lui (vieille habitude), mais rien ne mena- çait ni sa bourse ni sa vie. Il monta dans une spacieuse berline de la Société des Moteurs Bavarois, mit la musique en marche sur un lecteur de la Compagnie Japonaise des Winners, et vroum. Il se passe quelque chose, se dit-il. Quelque chose est en train de changer. Il y a comme un mur indéfinissable qui s’élève. Plus je vis, plus les réalités qui m’entourent me résistent. J’éprouve de plus en plus de peine à faire ce qui me semblait si facile auparavant. Rien ne m’excite dans cette grisaille. Rien pour le bonheur de mes yeux. L’âge, peut-être ? L’âge, tu parles, seulement 40 ans… Une fois dans sa voiture, il se sentit mieux. Soulagé. Comme toujours.
La couleur du ciel – blanchâtre, concentrée – faisait écho aux rectangles blêmes des barres d'habitation et aux reflets pâles du bitume. Monochrome, déprimant, l'automne agonisait lentement sur la ville en cédant la place à l'hiver.
L'hiver prenait son temps ; l'automne aussi.