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Citations de Andrés Barba (19)


Peut-être que les morts nous trahissent en nous abandonnant, mais nous les trahissons aussi pour continuer à vivre.
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Bien des années auparavant, j’avais trouvé dans la lecture d’un livre peu mémorable une image qui changea complètement mon idée de la réalité. L’auteur décrivait un personnage qui regarde la mer et comprend subitement que le mot « mer » n’a jamais correspondu dans son imagination avec la véritable mer, que chaque fois qu’il a dit « mer » il pensait en réalité à une caricaturale étendue turquoise ourlée d’écume, jamais à ce qu’est véritablement la mer : une masse abyssale pleine de poissons, de courants mystérieux et – surtout – d’obscurité. La mer est le véritable règne des ténèbres
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Pour Maia, la musique classique était cantonnée dans le cerveau, tandis que l’autre musique – la cumbia, la salsa, le merengue – passait dans son corps et son ventre.
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Bien des années auparavant, j'avais trouvé dans la lecture d'un livre peu mémorable une image qui changea complètement mon idée de la réalité. L'auteur décrivait un personnage qui regarde la mer et comprend subitement que le mot "mer" n'a jamais correspondu dans son imagination avec la véritable mer, que chaque fois qu'il a dit "mer" il pensait en réalité à une caricaturale étendue turquoise ourlée d'écume, jamais à ce qu'est véritablement la mer : une masse abyssale pleine de poissons, de courants mystérieux et - surtout- d'obscurité. La mer est la véritable règne des ténèbres. Le jour où les enfants ont disparu, nous autres à San Cristobal avons senti quelque chose de semblable en regardant la forêt. Subitement nous eûmes l'impression d'avoir confondu l'apparence avec la substance. Dans leur fuite vers le secret de ces profondeurs, les enfants nous avaient emmené comme dans un bathyscaphe. Nous avions cessé de les voir, mais nous étions plus près que jamais dans les profondeurs de leur regard, au centre de leur peur.
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Jamais comme à Noël ou au Nouvel An on ne perçoit avec autant d’acuité que le monde des tristes n’est pas le même que celui des heureux.
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La pauvreté réelle n’a que peu de ressemblance avec la pauvreté imaginée.
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Pour eux [les enfants], le monde est un musée où les gardiens adultes ont beau être souvent amoureux, ils n’en imposent pas moins leurs règles : tout est massif, tout existe depuis toujours, et avant eux. En échange de l’amour ils sont obligés de soutenir le mythe de leur innocence. Ils ne doivent pas seulement être innocents, ils doivent le montrer
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Bien des années auparavant, j'avais trouvé dans la lecture d'un livre peu mémorable une image qui changea complètement mon idée de la réalité. L'auteur décrivait un personnage qui regarde la mer et comprend subitement que le mot "mer" n'a jamais correspondu dans son imagination avec la véritable me, que chaque fois qu'il a dit "mer" il pensait en réalité à une caricaturale étendue turquoise ourlée d'écume, jamais à ce qu'est véritablement la mer : une masse abyssale pleine de poissons, de courants mystérieux et - surtout - d'obscurité. La mer est le véritable règne des ténèbres. Le jour où les enfants ont disparu, nous autres à San Cristobál avons senti quelque chose de semblable en regardant la forêt. Subitement nous eûmes l'impression d'avoir confondu l'apparence avec la substance. Dans leur fuite vers le secret de ces profondeurs, les enfants nous avaient emmenés comme dans un bathyscaphe. Nous avions cessé de les voir, mais nous étions plus près que jamais dans les profondeurs de leur regard, au centre de leur peur.
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Ce qui est véritablement obscur est peut-être que cette gamine représentait un sentiment collectif qui pointait dans la ville ; la sensation que nous avions beau voir ces enfants dans nos rues, nous avions beau spéculer sur ce qu'ils disaient et où ils se cachaient la nuit, malgré la peur qu'ils nous inspiraient nous n'osions pas reconnaître qu'ils avaient déjà commencé à tout bouleverser.
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Nous appliquons nos catégories là où le sens se dérobe, et nous finissons par croire que les tigres tombe amoureux, que Dieu est un vengeur jaloux et que les arbres éprouvent de la nostalgie.
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Parfois j'aime à croire que nous avons vu ces gestes sans les comprendre et que lorsque les enfants étaient en ville ils offraient à nos yeux ces bourgeons d'humanité. Quelque chose était né à notre insu et aussi contre nous. L'enfance est plus puissante que la fiction.
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Il se mit alors à exposer une théorie aussi biscornue que son noeud papillon, selon laquelle nous avons tous un témoin. Quelqu' un que nous désirons obscurément convaincre, auquel s'adressent tous nos actes et avec qui nous ne pouvons cesser de dialoguer secrètement.
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Nous ne savons rien, l’histoire est mensongère et l’amour n’existe pas, mais parfois il suffit de la peur, la peur comme le fil d’or d’une fable, pour retrouver toutes les réalités perdues ; la vérité, la science, l’amour. Au moindre signe suspect, la peur engendre une constellation de villes possibles. Faites peur à quelqu’un capable de les construire et vous aurez le monde.
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Il se peut que les épisodes qui s’étaient produits pendant ces derniers mois nous aient fait perdre la foi en cette religion de l’enfance, mais ce n’était guère plus facile pour les enfants, qui s’éveillaient dans un monde tout aussi hostile. Pour eux, le monde est un musée où les gardiens adultes ont beau être souvent amoureux, ils n’en imposent pas moins leurs règles : tout est massif, tout existe depuis toujours, et avant eux. En échange de l’amour ils sont obligés de soutenir le mythe de leur innocence. Ils ne doivent pas seulement être innocents, ils doivent le montrer. 
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Nommer c'est octroyer un destin, écouter c'est obéir.
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Nous savons aujourd'hui par le cadavre d'une fille de treize ans qu'elle était enceinte. Ils avaient donc eu des relations sexuelles, y compris les plus petits. Ces mois dans la forêt avaient dû être déterminants dans ce sens. Mais comment naît l'amour à partir de rien ? Comment aime-t-on dans un monde sans références ? La célèbre maxime de La Rochefoucauld selon laquelle il y a des gens qui ne seraient jamais tombés amoureux s'ils n'avaient pas entendu parler de l'amour prend, dans le cas des Trente-deux, un poids spécifique.
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Te suivre dans le couloir qui mène à la chambre revient à marcher derrière la forme d'un souvenir.
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Comment Guastavino voit-il New York pendant ces deux années qu’il passe seul, séparé de l’enfant et dirigeant de petits chantiers ici et là? Pas comme nous, bien sûr, de cette façon mi-soumise, mi-cynique avec laquelle nous regardons New York, toujours conscients de notre ambivalence mais en baissant la tête parce que la majesté n’admet pas de réplique. Pour Gustavino, cela ne devait pas être aussi simple. Nous l’imaginons songeant qu’il avait peut-être jugé trop vite cette ville qui engloutit chaque semaine deux milles personnes et laisse Dieu sait où ces visages chinois, noirs, turcs, centreuropéens, anglo-saxons, mijotant à petit feu dans un melting-pot démesuré.
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Lorsqu'ils entrent dans le supermarché, il est 15 h 02, selon le chronomètre de la caméra. Le vigile s'interpose à la porte, repousse les premiers enfants, mais il est aussitôt submergé par la petite foule. Le chien blanc qui accompagne toujours un des groupes aboie sur les employés et mord le vigile. Les couteaux apparaissent, certains pris directement dans le rayon de quincaillerie du supermarché, d'autres à la boucherie et à la poissonnerie. On a souvent dit que les enfants tueurs ,'était qu'un groupe réduit, que ceux qui avaient commis les meurtres ,'étaient que cinq ou six et que les autres avaient gardé une attitude enfantine, une thèse qui pourrait être corroborée par les caméras de surveillance. Les mouvements chaotiques et de regroupement, de désordre et d'ordre, pourraient se comparer à l'assaut initial et au rassemblement de n'importe quel groupe d'enfants auxquels on annoncerait qu'ils sont libres de détruire tout ce qu'ils veulent autour d'eux. Ceux-là paraissent déconcertés par cette soudaine liberté et se regardent les uns les autres. Le premier élan est joyeux. Devant les produits laitiers, trois gamins déposent par terre des cartons de lait et les font exploser en sautant dessus, un autre vide un paquet de farine sur la tête d'une fillette qui fond en larmes. Un petit solitaire ouvre une boîte de céréales et la verse dans sa bouche ouverte tandis que deux autres renversent des bouteilles de vin à coups de manches à balai. Si tout en était resté là, on n'aurait pas pu regarder ces images sans sourire, elles reproduisent fidèlement le rêve infantile par excellence : le soulèvement et la révolte des enfants contre l'organisation des adultes. Mais à cet instant, le sourire se fige. La boucherie commence.
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