William Kurelek a créé entre 2 000 et 4 000 œuvres d’art en moins de trente ans. Artiste prolifique et déterminé, il a peint des tableaux évocateurs, d’énormes murales et des séries narratives constituées de plusieurs œuvres. L’ensemble de l’œuvre qu’il a laissé est varié, voire divisé, oscillant entre le nostalgique et le cauchemardesque. Si ses premiers tableaux sont introspectifs, précis et claustrophobes, son style mûr est marqué par des propositions visuelles plus générales et universelles sur le monde mouvant qui l’entoure et sur les luttes communes qui divisent, mais qui rassemblent aussi, la famille humaine.
William Kurelek est captivant parce qu'il est si difficile à concilier. Un de ses tableaux peut à la fois célébrer l'abandon juvénile et se complaire dans un moralisme violent. C'était un père de famille ancré dans la vertu catholique romaine, et pourtant il a lutté contre de vrais démons à la suite d'une maladie mentale. Parmi ses pairs artistes, il était un étrange retour en arrière, dont le travail a néanmoins attiré de sérieux créateurs de goût contemporains. C'était un conservateur social attaché à la justice sociale, un universaliste religieux sensible aux particularités culturelles. Aujourd'hui, William Kurelek et son art restent tout aussi séduisants et troublants, proclamants et impénétrables.
William Kurelek (1927-1977), qui est né et a grandi dans les Prairies, a réalisé des tableaux méticuleusement détaillés qui explorent sa foi catholique et ses racines ukraino-canadiennes, et mettent les spectateurs face à face avec les défis austères vécus par les immigrants. Pour Kurelek, le style et le savoir-faire technique étaient vains; il voulait exprimer des émotions de façon idiosyncratique et profondément personnelle. Il a élaboré un procédé différent pour peindre, utilisant un stylo bille et ajoutant de la texture avec des crayons de couleurs, puis frottant et grattant l’image. Des livres pour enfants, grâce auxquels il a été reconnu au Canada, ont découlé de ses écrits didactiques.