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Citations de Angèle Vannier (18)


Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de pavots avaient maculé mes pieds nus

Les soirs où les bergers m'appelaient dans la ronde

Pour passer le furet de ma main dans leurs mains

Furet des bois jolis furet des vieux jardins.

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de chênes avaient appris à mon corps nu

Cette haute caresse où l'écorce connaît

La façon d'arracher aux jeunes filles blondes

Des gouttes de bonheur de quelque sainte plaie.

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de bêtes avaient partagé mon cœur nu

Dans les hautes futaies habitées par la lune

Trop de sangliers forts à renifler l'oronge

Trop de biches mes sœurs effrayées par leurs songes

Trop de martins-pêcheurs gonflés d'humides chants

Délivrés par leurs becs en baisers trop savants.

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Mais l'homme au bras marin me parla de l'écume

Et l'humus des forêts fut le sable des dunes

Et les bergers laissant leurs troupeaux de moutons

Au premier loup venu gardèrent des poissons

Le nez du sanglier fouilla le goémon

La biche apprivoisa chaque lame de fond

Et les désirs des fûts chantèrent un navire

Que les oiseaux pêcheurs voilèrent sans rien dire

De leurs ailes tendues à des ciels inconnus.

Je suis née de la mer et ne l'ai reconnu

Qu'au bras de mon amour et ne l'oublierai plus.

Angèle Vannier «Choix de poèmes» ed.Seghers 1961
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Délivrance (extrait)

Épuiser l’ombre
Avec des mains bénies
Je connais le fond de la nuit
Mon existence est une étoile
Une fatalité d’or vert
Où la pureté se fait chair.
Je prends la place des prairies.

Ah! Que la terre est infinie!
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DE MA VIE...
     
De ma vie je n'ai jamais vu
Plus beau visage que sa voix
Ses yeux portent l'âme des eaux
Blessés à mort depuis des siècles
Par le silence des grands bois
Son front descend de la lumière
Comme l'Égypte du mystère
Et sa bouche a juste le poids
Le poids terrible du bonheur
Que pouvait supporter mon cœur.
     
S'il avait fait glisser sa voix
Dans les yeux graves de mes paumes
Nous aurions vu ce vieux royaume
Que l'amour épèle tout bas.
     
C'est ici qu'il faut parler d'elle
La maison des oiseaux parfaits
La merveille où toutes les ailes
Peuvent s'ouvrir sur leur secret.
     
J'entends sonner la cloche rouge
De ce rouge extraordinaire
Dont l'ombre saigne sur la terre
La cloche à marier les dieux
Le fruit qu'on mange avec les yeux
     
Il n'y a pas d'amour heureux.
     
De ma vie je n'ai jamais vu
Plus beau visage que sa voix
Plus beau visage mis à nu
Par le silence de mes doigts.
     
"Terre et Ciel" - p. 52
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J'adhère


J'adhère au chant du berger solitaire qui use du bois de son propre corps pour alimenter le feu créateur

J'adhère au voyou à l'œil louche qui jette son mégot contre une meule de paille pour griller l'antre du métayer

J'adhère à la jeune fille qui se noie dans les eaux inférieures pour un simple chagrin d'amour

J'adhère à la chute des eaux supérieures qui lavent notre crasse et fait des vierges avec des putains épuisées

J'adhère aux crucifiés de tous les siècles pour cause de guerre de religion

J'adhère aux filles de joie qui se promènent dans les chansons à boire assassinées par les rouliers dans les soupentes

J'adhère au feu à l'eau quelles que soient leurs sources et leurs embouchures

J'adhère à l'élément trouvé pour faire la soudure dans les mines de la nature.
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Angèle Vannier
Je partage avec les miroirs
  
  
  
  
Je partage avec les miroirs
Les fontaines et les rivières
Le droit d’épouser la lumière
Avant que ne tombe le soir.
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Les prêtres du soleil ont tout vu ont tout dit
L'aveugle à son miroir cherche à violer la nuit.
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Entre la pluie et le soleil
L'aveugle touche l'arc-en-ciel
L'aime, le respire et l'écoute
Sans s'étonner que sur sa route
Un bras ami des yeux du cœur
Ait envoyé les sept couleurs.

Je dis Violet quand les statues
Rêvent de Pâques revenues
L'Indigo sur ma langue passe
Quand je la passe à l'eau de grâce
Où la boule miraculeuse
Fut plongée par quelques laveuse.
Je dis Bleu quand les hirondelles
Reconnues au bruit de leurs ailes
Rentre au nid de ma tourelle…

Je dis Rouge quand ton amour
Se met à traverser ma nuit…
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Poème fermé
à Théophile Briant



Un oiseau invisible existe dans l’espace
Et chaque battement de ses ailes enfante
Un compagnon de vol dans un univers clos.

Mon âme dort sous des paupières transparentes.

Égypte aux cheveux longs ma sœur en Osiris
Je vais sur ma bruyère en glanant des ibis
En cherchant les morceaux de mon rêve éclaté.
Je ne suis pas de cette histoire sans parole
Qu’on me raconte à la veillée pour m’endormir
Mes aïeux ont tourné la tête du menhir
Mais je connais le sol que ses racines mangent
Et mes fils au sang-froid me trahissent tout haut
Machinistes du siècle esclaves de leur peau
À chaque tour de roue ils écrasent un ange.

Mon âme ouvre les yeux pour prendre du repos.

De son chant l’alouette efface mes péchés
De son aile m’écrit ma juste parole.
Je sais que l’œil de lynx éventre la ténèbre
Que j’ai subi l’affront de vivre sans vertèbre
Que j’ai sept noms cachés dans un de me regards
Que mon cops glorieux n’attend que mon audace
Pour marcher simplement dans un champ de blé noir.

Un oiseau divisible existe dans l’espace.
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L'aveugle à son miroir


L'ange exterminateur a retourné mes yeux
Vers la terre promise et la face de Dieu.
Je bénis cette main qui m'a donné le droit
De changer l'eau en vin à la table du roi.

Aveugle chaque jour, j'entre dans mon miroir
Comme un pas dans la nuit comme un mort dans la tombe
Comme un vivant sans cœur dans un corps de colombe.
Mais je vois de mes yeux courir sous le manteau

Quelque chose de Dieu qui passe et qui repasse
La couleur d'un amour qu'un regard d'homme efface.
Et mon sang dévasté par le tour des orages
Travaille à dégager sa course du chaos
À calculer le poids des armes et bagages
Que la vie vous accroche en douce sur le dos.

Le marchand de miracle est passé par ici
Mes yeux sont au tombeau mon âme au paradis.
Seigneur tu m'as promis que je lirai ce soir
Le véritable nom de l'arbre dans le noir.

Les prêtres du soleil ont tout vu ont tout dit
L'aveugle à son miroir cherche à violer la nuit.
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AVEC TES GRANDS YEUX VERTS

Que veux-tu Brocéliande avec tes grands yeux verts
battus
cernés par les caresses des amants
noués et dénoués au bord de la fontaine
ton cœur ricoche dans la nuit
sur les serments défaits
Je t'ai vécue deux fois dans l'arbre de ma vie

C'est le ventre de ma mère que je t'ai lue
fœtus
baignant dans les eaux

Et j'ai précipité ma naissance
pour m'engager les yeux ouverts
plus vite en ton nom

Mais c'est aveugle que j'ai vu ton sens
et même pris ton texte à la lettre

Au premier tour de fièvre
enroulée dans l'instinct
des feuillages des sexes
et des lièvres enfouis dans leur terrier de sang
tu m'as donné tu m'as repris
le goût de ces paniers tressés pour le cavalier
des chansons

Au second tour de cœur
tu m'as gardé douze ans alliances
alexandrines
cercle
on m'a lâché pour que j'écrive ou que je vole

Et j'atterris à tes genoux
ce soir
cachant mon corps dans un buisson orange et noir
puisque je veille
et porte les couleurs du sens
de tes fruits
arborés

tard
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Vent printemps


Celles qu’on éteignait celles au blanc promises
Celles qu’on habillait de silence et de froid
Celles qui ronronnaient des leçons bien apprises
Cœur battant cils baissés mais qui n’y croyaient pas.

Celles qu’on enfermait dans des chapelles grises
Celles qu’on emmurait dans les plus hautes tours
Celles qui n’attendaient qu’un signe de la brise
Ont cassé leurs carreaux pour passer dans l’amour.

Nous t’embrasserons trois fois sur la bouche
Chevalier printemps pas très comme il faut.
Est-ce défendu que les vierges couchent
Avec un amour couronné d’oiseaux ?

Et tant pis s’ils sont vrais ces vieux dits de nos mères
Que le vent du printemps fit les quatre cent coups
Dans les bois dans les prés sur le bord des rivières.

Ca alors si vous saviez comme on s’en fout
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Gaël extrait de son sac à dos une boite d'allumettes, un paquet de bâtonnets d'encens, un traité de magie de Papus, un couteau et de vieux journaux. Il pose le tout sur la grande dalle de granit où Viviane et Merlin, d'après la légende, se sont pris l'un pour l'autre d'un amour fou que l'usure des siècles n'a pas réussi à entamer.
Anne dit :
--- Quelle folie, Fabienne ! Quelle folie de nous avoir entraînés ici !
Brocéliande ! Il est environ onze heures du soir. C'est la nuit de la Saint-Jean d'été, le solstice d'été. Fabienne rayonne : elle a atteint son but en temps voulu. Elle est à genoux au bord de la fontaine. Gaël la regarde : elle n'est pas jolie ; pourtant Gaël a tapissé sa chambre d'une série de portraits de Fabienne dessinés par lui. Il a cru souvent puiser dans la contemplation de ce visage au front bas, aux pommettes saillantes, au menton volontaire, l'énergie dont il a besoin pour secouer son penchant à la rêverie confuse, car il sait que quand Fabienne, elle, s'engage dans le rêve, c'est pour creuser les fondations de quelque chose qui avec le temps fini toujours par prendre corps.
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La quatrième chambre est un ventre de pluie

La voyeuse affutée jusqu'au faîte
du regard
Dort dans la dormition de cette prose humide et ronde
investie par son double au comble de sa chair

Un nénuphar aveugle a surgi de ses paumes

De voyeuse à voyante il existe un loup blanc
qui écarte en rêvant les cuisses de la femme
pour peu qu'elle consente à ce ventre de pluie
le soir où les chasseur visent des roses mâles
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Pierre levée



extrait 2

Bruyères de mon sang pardonnez-moi l’adieu
Que je vous ai donné sans détourner la tête
Je suis de ce granit qui pense et qui ne peut
Traduire pour Jésus sa prière muette.

Règne du minéral ouvre-moi ton église
Et travaillons ensemble à refuser l’hiver.
Pierre levée nous prévaudrons contre l’enfer
Le diable et ses petits ricanent dans la brise
Et qu’ils fassent leurs dents leurs ongles sur nos chairs
Qui durent lentement debout face à la mer.
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Je suis née de la mer…


Extrait 3

Je suis née de la mer et ne le savais plus
Mais l'homme au bras marin me parla de l'écume
Et l'humus des forêts fut le sable des dunes
Et les bergers laissant leurs troupeaux de moutons
Au premier loup venu gardèrent des poissons

Le nez du sanglier fouilla le goémon
La biche apprivoisa chaque lame de fond
Et les désirs des fûts chantèrent un navire
Que les oiseaux pêcheurs voilèrent sans rien dire
De leurs ailes tendues à des ciels inconnus.

Je suis née de la mer et ne l'ai reconnu
Qu'au bras de mon amour et ne l'oublierai plus.
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Je suis née de la mer…


Extrait 2

Je suis née de la mer et ne le savais plus
Trop de bêtes avaient partagé mon cœur nu
Dans les hautes futaies habitées par la lune
Trop de sangliers forts à renifler l'oronge
Trop de biches mes sœurs effrayées par leurs songes
Trop de martins-pêcheurs gonflés d'humides chants
Délivrés par leurs becs en baisers trop savants.
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Je suis née de la mer…


Extrait 1

Je suis née de la mer et ne le savais plus
Trop de pavots avaient maculé mes pieds nus
Les soirs où les bergers m'appelaient dans la ronde
Pour passer le furet de ma main dans leurs mains
Furet des bois jolis furet des vieux jardins.

Je suis née de la mer et ne le savais plus
Trop de chênes avaient appris à mon corps nu
Cette haute caresse où l'écorce connaît
La façon d'arracher aux jeunes filles blondes
Des gouttes de bonheur de quelque sainte plaie.
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Pierre levée



extrait 1

Pierre je compatis à ta vie lente et dure.
Même le saule en pleurs ne me déchire pas
Comme le verbe d’or caché sous ton armure.

J’entrerai dans ta nuit dans la nuit de Noël
Et quand tu te mettras à tourner sur toi-même
Tu sauras qu’une seule enfant des hommes t’aime
Et se souvient d’avoir été semblable à toi.
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