Il y a toujours eu un arbre mourongue au jardin de mes souvenirs. Le permier était un beau spécimen qui s'élançait vers les cieux depuis l'arrière de la maison. ...Entre-temps il y eut d'autres arbres. Des arbres insignifiants. Des arbres malingres. Une fois même, le squelette d'un mourongue mort. Ensuite, il y eut le jeune mourongue du jardin voisin qui n'en finissait pas de jeter des regards curieux dans le mien. Comme un chiot avide de se faire de nouveaux amis, il s'enroulait autour du muret, cascade verdoyante qui s'invitait chez moi. Parfois, quand mon frigidaire était vide et froid, je m'approchais de ses branches accueillantes et cueillais tous ses fruits. L'arbre ne m'en tenait jamais rigueur. Quelques jours plus tard, il revenait à l'assaut, cherchant à attirer mon attention avec ses larmes de verdure.